Quelque 54 400 personnes ont été déplacées en Ukraine et 110 000 autres ont préféré fuir vers la Russie, a annoncé vendredi le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

«Depuis le début de l'année, 110 000 Ukrainiens sont arrivés en Russie, et 750 ont demandé l'asile en Pologne, en Biélorussie, en République tchèque et en Roumanie», a déclaré une porte-parole du HCR, Melissa Fleming, au cours d'un point de presse à Genève.

À Washington, la porte-parole du département d'État Marie Harf s'est interrogée sur la crédibilité de ces chiffres, estimant qu'il y avait eu des mouvements de population dans les deux sens aux frontières.

«Je ne peux pas exclure la possibilité que des milliers de personnes aient traversé la frontière d'une manière ou d'une autre. Mais cette idée qu'il y a 100 000 Ukrainiens qui ont fui en masse vers la Russie n'est tout simplement pas crédible à ce stade», a-t-elle déclaré aux médias.

Pour sa part, Mme Fleming a précisé que sur les 110 000 Ukrainiens ayant fui en Russie, seuls 9600 ont demandé officiellement l'asile auprès des autorités russes. Elle a également indiqué que la majorité de ceux qui s'étaient réfugiés en Russie étaient originaires de Donetsk et Lougansk, dans l'est.

«Ceux qui sont arrivés ces derniers jours sont pour la plupart regroupés à Rostov-sur-le-Don (12 900 personnes, dont 5000 enfants) et Briansk (6500 personnes)», deux villes frontalières avec l'Ukraine, a-t-elle précisé.

D'une façon générale, le HCR a constaté «une nette augmentation des déplacements en Ukraine» qui «coïncide avec la détérioration de la situation dans l'est» du pays.

«Les gens disent qu'ils ont peur des enlèvements», a relevé Mme Fleming, citant aussi le manque de respect des lois et les violations des droits de l'homme.

Sur 54 400 déplacés intérieurs comptabilisés en Ukraine (dont 16 400 la semaine dernière), «12 000 sont originaires de Crimée, les autres venant des autres régions de l'est», a-t-elle expliqué.

Le 16 juin, l'ONU avait évoqué l'existence de 34 000 déplacés en Ukraine, mais seulement 19 000 avaient alors pu être identifiés par le personnel des Nations unies.

Les troubles que traverse l'Ukraine tirent leur origine du refus de Kiev de conclure fin 2013 un accord commercial avec l'UE.

La signature de ce document était initialement prévue pour novembre dernier, avant la volte-face de l'ex-président Viktor Ianoukovitch, qui a préféré se tourner vers la Russie pour obtenir une aide économique alors que l'Ukraine, une ex-république soviétique, est en récession quasi permanente depuis plus de deux ans.

Ce retournement de situation avait provoqué le mouvement de contestation qui a conduit à la chute du président, suivie du rattachement de la Crimée à la Russie, puis d'une insurrection séparatiste dans l'Est.

Finalement l'accord d'association avec l'UE a été signé ce vendredi à Bruxelles, par le nouveau président ukrainien Petro Porochenko.