Le président russe Vladimir Poutine, jugé indésirable au sommet du G7 à Bruxelles, a vivement dénoncé mercredi les tentatives américaines pour isoler la Russie en raison de la crise en Ukraine, et tendu la main au nouveau président ukrainien.

M. Poutine a répondu à distance aux dirigeants du club des pays les plus développés du monde, rassemblés dans la soirée dans le format G7, c'est à dire sans la Russie pour la première fois depuis 17 ans.

Il a réservé ses critiques les plus vives aux Américains, qu'il a mis au défi de présenter des «preuves» de l'implication militaire russe dans l'est de l'Ukraine. «Des preuves? mais qu'ils les montrent!», a-t-il lancé, interrogé par deux médias français.

«Nous avons vu, tout le monde a vu, comment le secrétaire d'État américain (Colin Powell) avait montré des preuves de la présence d'armes de destruction massive en Irak», a ironisé le chef de l'État russe, faisant allusion aux accusations infondées lancées en 2003 par les États-Unis pour justifier l'intervention militaire contre Saddam Hussein.

Plus tôt dans la journée, le président américain Barack Obama avait tenu à Varsovie un discours très ferme contre la Russie, dénonçant ses «sombres manoeuvres» en Ukraine. «Nous n'accepterons jamais l'occupation de la Crimée par la Russie, ni les violations de la souveraineté de l'Ukraine», a averti M. Obama.

Les présidents américain et russe seront tous les deux à partir de jeudi à Paris puis en Normandie où sera célébré le 70e anniversaire du Débarquement allié vendredi. Mais aucune réunion bilatérale n'est prévue.

M. Poutine a indiqué être prêt à rencontrer le président élu ukrainien pro-occidental Petro Porochenko, qui sera également présent en France. «Je ne compte éviter personne et parlerai, évidemment, à tout le monde», a précisé le président russe, qui n'a pas formellement reconnu le président élu le 25 mai et qui sera investi samedi à Kiev.

A Varsovie, M. Obama a rencontré mercredi M. Porochenko, lui apportant un soutien appuyé alors que les troubles se poursuivent dans l'est de l'Ukraine entre les groupes séparatistes pro-russes et l'armée.

Durcir les sanctions? 

Au cours de leur dîner, les dirigeants du G7 devaient débattre de l'opportunité de durcir le régime de sanctions ciblées appliqué depuis le rattachement de la Crimée à la Russie. Mais aucune décision ne devrait être prise, selon une source diplomatique.

«Il y a une opportunité à saisir avec l'arrivée du nouveau gouvernement (en Ukraine) pour faire baisser les tensions, mais si la Russie ne la saisit pas, elle devra en assumer les conséquences», a averti Ben Rhodes, le conseiller adjoint à la sécurité nationale des États-Unis.

Les Européens se veulent plus prudents, estimant qu'il «serait contreproductif de faire (des sanctions) le message principal» du sommet, a indiqué une source diplomatique française.

A l'issue de leur dîner, les dirigeants du G7 publieront une déclaration mêlant fermeté et ouverture, appelant le président russe à engager un «dialogue franc et ouvert» avec Kiev, selon un projet du texte dont l'AFP a eu connaissance.

Les dirigeants auront l'occasion de passer ces messages directement à M. Poutine en France, où il aura des entretiens bilatéraux jeudi avec le Français François Hollande et le Britannique David Cameron, et vendredi avec la chancelière Angela Merkel.

Le G7 devait également débattre de la meilleure stratégie pour aider M. Porochenko à «stabiliser financièrement, économiquement et politiquement» l'Ukraine, selon Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen.

L'UE est prête à organiser début juillet une «réunion de coordination» sur l'aide, avant une «conférence internationale» de donateurs à la fin de l'année. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a par ailleurs confirmé que l'UE signerait «au plus tard le 27 juin» l'accord de libre-échange prévu avec l'Ukraine.

Outre l'Ukraine, les dirigeants du G7 devaient évoquer la question des combattants étrangers en Syrie, quelques jours après l'arrestation de l'auteur présumé de la fusillade du Musée juif de Bruxelles.

Le G7 se terminera jeudi après-midi après s'être penché sur l'état de l'économie mondiale et la sécurité énergétique. La plupart des dirigeants, à l'exception du Japonais Shinzo Abe, se rendront ensuite directement à Paris.