Les minorités ethniques de l'Ukraine vivent dans la peur après le départ du gouvernement précédent et la prise du pouvoir par des dirigeants intérimaires qui incluent des nationalistes d'extrême droite, a affirmé vendredi le ministère russe des Affaires étrangères.

L'énoncé du ministère correspond aux positions adoptées précédemment par Moscou, qui prétend que la vaste communauté russe d'Ukraine est victime de répression du nouveau gouvernement, que le Kremlin qualifie de fasciste.

Le communiqué franchit toutefois un pas de plus, en affirmant que les minorités allemande, hongroise et tchèque se sentent elles aussi menacées en Ukraine.

«Elles s'inquiètent de la situation politique instable au pays et craignent réellement pour leur vie», affirme le communiqué, sans toutefois citer d'incident précis.

La Russie a massé des milliers d'hommes le long de la frontière ukrainienne et plusieurs craignent de voir les troupes russes entrer en Ukraine, sous prétexte de protéger la minorité russe.

Pour sa part, le président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch a publié vendredi un communiqué dans lequel il appelle ses concitoyens à réclamer un référendum sur le statut des régions ukrainiennes, au moment où le Kremlin souhaite voir l'Ukraine se transformer en fédération plus ou moins unie.

L'appel de M. Ianoukovitch pourrait alimenter l'instabilité en Ukraine, où plusieurs se méfient du nouveau gouvernement qui a pris le pouvoir à Kiev. Les tensions demeurent vives entre l'est du pays, favorable à un rapprochement avec Moscou, et l'ouest, qui penche davantage en faveur de l'Union européenne.

M. Ianoukovitch a invité les Ukrainiens à demander «un référendum qui déterminera le statut de chaque région de l'Ukraine», dans un communiqué repris par l'agence ITAR-Tas.

La Russie fait pression en faveur de la transformation de l'Ukraine en fédération qui accorderait plus de pouvoirs aux régions, mais le gouvernement intérimaire de Kiev rejette cette possibilité. La principale rivale de M. Ianoukovitch, l'ancienne première ministre et nouvelle candidate présidentielle Ioulia Timochenko, a aussi attaqué cette idée, en accusant l'ancien président d'être «un outil pour détruire l'indépendance de l'Ukraine».

Le président russe Vladimir Poutine a déclaré vendredi que l'Ukraine pourrait récupérer une partie des armes et de l'équipement des unités militaires déployées en Crimée qui ont choisi de rester loyales à Kiev. Aucun détail n'a été dévoilé.