Le premier ministre Stephen Harper a convoqué samedi une réunion extraordinaire du conseil des ministres pour discuter du déploiement des forces russes en Crimée.

Un porte-parole du premier ministre a dit que plusieurs des ministres importants du gouvernement discuteront de la situation dans cette région de l'Europe de l'Est.

M. Harper devrait faire une déclaration à la fin de la réunion.

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Par ailleurs, le ministère canadien des Affaires étrangères recommande aux voyageurs d'éviter de voyager en Crimée et à ceux qui s'y trouvent de quitter «pendant que la situation en matière de sécurité le permet».

Cet avertissement est survenu alors que le président russe Vladimir Poutine a obtenu la permission officielle de son parlement d'utiliser ses forces armées en Ukraine.

Le ministère justifie cet avertissement par «l'incertitude politique», les opérations militaires, les manifestations et les affrontements qui y ont lieu. Il recommande aux Canadiens qui ne peuvent pas quitter la province, où les aéroports ont suspendu leurs activités, de rester à l'intérieur et d'éviter les manifestations et les foules.

Il conseille aussi d'éviter tout déplacement non essentiel à la capitale ukrainienne, Kiev, en raison de l'instabilité qui y règne.

La demande de Vladimir Poutine au parlement russe pour déployer son armée mentionnait le «territoire de l'Ukraine» de manière générale plutôt que la Crimée spécifiquement, soulevant ainsi la possibilité que Moscou n'envoie ses effectifs militaires dans d'autres provinces russophones du sud et de l'est de l'Ukraine.

Le Canada et d'autres pays ont fermement recommandé à la Russie de respecter la souveraineté de l'Ukraine.

Les autorités ukrainiennes et des diplomates occidentaux soutiennent que l'intervention militaire russe est déjà amorcée. Des hommes lourdement armés vêtus d'uniformes militaires non identifiés ont assiégé des édifices gouvernementaux, des aéroports et d'autres installations stratégiques en Crimée, au cours des derniers jours.

Ignorant l'avertissement du président américain Barack Obama, qui a affirmé vendredi qu'une intervention militaire russe entraînerait «des coûts», Vladimir Poutine a dit samedi que «la situation extraordinaire en Ukraine» mettant en danger la vie des citoyens russes et du personnel militaire d'une base navale russe, située dans la péninsule de la mer noire depuis la chute de l'empire soviétique.

Obama et Poutine se sont entretenus par téléphone

WASHINGTON - Le président des Etats-Unis Barack Obama et son homologue russe Vladimir Poutine se sont entretenus samedi par téléphone à propos de la crise en Ukraine, a indiqué un responsable américain.

Cet appel intervient alors que M. Obama a réuni samedi après-midi en urgence son équipe de sécurité nationale pour examiner les options politiques sur la table, peu après un vote par le Parlement russe autorisant le recours à l'armée en Ukraine.

Obama réunit son équipe de sécurité nationale

Des membres de l'équipe de sécurité nationale du président, dont le général Martin Dempsey, le plus haut gradé américain, ont été vus se rendre à la Maison-Blanche en début d'après-midi, alors que le recours à l'armée russe en Ukraine a été approuvé samedi à l'unanimité par le Conseil de la Fédération à Moscou, à la suite d'une demande en ce sens de Vladimir Poutine.

Le ministre américain de la Défense Chuck Hagel s'est par ailleurs entretenu par téléphone avec son homologue russe Sergueï Choïgu. «Le chef du Pentagone Chuck Hagel a parlé à son homologue russe ce matin», a affirmé à l'AFP un responsable sous couvert de l'anonymat. M. Hagel s'est ensuite rendu à la Maison-Blanche pour la réunion de crise de l'équipe de sécurité nationale du président Obama.

«L'équipe de sécurité nationale du président se réunit aujourd'hui pour être informée des derniers développements en Ukraine et discuter de potentielles options politiques», a expliqué un haut responsable de la Maison-Blanche, assurant que «plus de détails seraient fournis dans l'après-midi».

Barack Obama n'était pas présent à la réunion avec l'équipe au complet, mais il a été mis au courant par sa conseillère sur les questions de sécurité nationale Susan Rice et d'autres hauts responsables, selon une source de la Maison-Blanche.

Ces responsables ont assuré qu'il n'y avait «aucun changement» concernant la présence militaire américaine dans la région.

Vendredi, Barack Obama avait mis Moscou en garde contre une intervention armée en Ukraine et souligné que «les États-Unis seraient solidaires de la communauté internationale pour souligner qu'il y aura un coût à toute intervention militaire en Ukraine».

Le sénateur républicain John McCain a réagi samedi aux derniers développements, appelant le président Obama à «rallier nos alliés européens et de l'OTAN pour dire clairement à quel coût la Russie sera confrontée pour son agression».

«Chaque instant durant lequel les États-Unis et nos alliés attendent pour réagir envoie le signal au président Poutine qu'il peut être encore plus ambitieux et agressif dans son intervention militaire en Ukraine», a déclaré dans un communiqué l'ancien rival de Barack Obama dans la course à la Maison-Blanche. «Personne ne doit se faire d'illusion sur ce que le président Poutine est capable de faire» pas seulement en Crimée, mais dans l'ensemble du territoire ukrainien.

À New York, les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont entamé samedi des consultations à huis clos sur la situation en Ukraine et en Crimée. Mais peu après le début de la réunion, les discussions s'enlisaient dans des querelles de procédure, les Occidentaux réclamant que ces consultations à huis clos se transforment en session publique alors que Moscou refusait, selon des diplomates.

- par l'AFP