Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a dénoncé samedi l'attitude de l'opposition ukrainienne après l'accord conclu la veille avec le président Viktor Ianoukovitch et mis en garde contre une menace sur la souveraineté de l'Ukraine.

«L'opposition n'a non seulement pas rempli une seule de ses obligations, mais avance de nouvelles exigences, se soumettant aux extrémistes armés et aux pillards dont les actes constituent une menace directe sur la souveraineté et l'ordre constitutionnel de l'Ukraine», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

M. Lavrov s'est entretenu au téléphone avec ses homologues allemands Frank-Walter Steinmeier, français Laurent Fabius, et polonais Radoslaw Sikorski, et leur a exprimé sa «plus profonde inquiétude sur l'incapacité des signataires de l'accord du 21 février à Kiev», à remplir leurs obligations, selon la même source.

Il les a appelés à user de leur «influence sur l'opposition pour obtenir une mise en oeuvre rapide» de cet accord.

D'après le communiqué, les interlocuteurs de M. Lavrov «ont partagé l'inquiétude de la Russie, reconnu que l'opposition n'avait pas rempli sa part des obligations et promis de prendre des mesures d'urgence pour que les accords soient mis en oeuvre».

Dans deux déclarations distinctes publiées un peu plus tôt à Berlin et à Paris, M. Steinmeier et M. Fabius ont appelé le gouvernement et l'opposition en Ukraine à respecter l'accord de sortie de crise, qui prévoit d'importantes concessions de la part de M. Ianoukovitch.

Un peu plus tard, le ministère des Affaires étrangères a fait état d'une autre conversation téléphonique entre M. Lavrov et son homologue américain John Kerry.

«John Kerry a confirmé l'attachement des États-Unis à ce que l'accord du 21 février soit mis en oeuvre et a promis d'utiliser rapidement les leviers que Washington possède pour exercer une influence sur l'opposition», a indiqué la diplomatie russe.

L'opposition a commencé samedi à s'emparer des leviers du pouvoir en Ukraine et le Parlement a destitué de facto le président ukrainien, mais ce dernier a dénoncé un «coup d'État» et refusé de démissionner.

Le président de la commission parlementaire aux Affaires étrangères à la Douma (chambre basse du Parlement russe) Alexeï Pouchkov a, pour sa part, déploré la «triste fin» du président ukrainien.

«On laisse entrer n'importe qui dans la résidence de Ianoukovitch, Mejiguiria, en banlieue de Kiev : il a fui, sa garde a fui, le personnel de sa résidence s'est enfui (...) triste fin pour un président», a-t-il écrit sur son compte Twitter.