Anders Behring Breivik, l'auteur des attaques sanglantes du 22 juillet en Norvège, va en théorie sortir du régime d'isolement total en prison, une «méthode de torture sadique» selon lui, mais ses conditions carcérales devraient dans la pratique rester ultra-restrictives.

«Nous n'allons pas prolonger l'isolement total au-delà du 17 octobre», a déclaré le procureur de la police d'Oslo, Christian Hatlo, lors d'un point de presse jeudi.

Après son arrestation le 22 juillet, Behring Breivik avait été coupé de tout contact avec le monde extérieur, la police redoutant qu'il ne cherche à entrer en contact avec d'éventuels complices et que cela lui permette de faire disparaître des preuves.

Au fil du temps, les enquêteurs ont toutefois acquis la conviction que l'extrémiste de 32 ans avait agi seul.

«Pour chaque jour qui s'écoule, nous en sommes de plus en plus sûrs», a répété M. Hatlo jeudi. «Nous n'avons rien trouvé qui suggère l'existence de complices même si nous nous refusons à exclure définitivement cette éventualité», a-t-il dit.

La police a par conséquent renoncé à demander la prolongation de l'isolement total, un régime qui l'obligeait à solliciter un renouvellement toutes les quatre semaines auprès du tribunal d'Oslo et qui peut rarement être étendu au-delà de 12 semaines, comme ce sera le cas lundi pour Behring Breivik.

Mais, dans la pratique, les conditions carcérales du tueur, actuellement en détention préventive dans la prison de haute sécurité d'Ila près d'Oslo, resteront aussi restrictives.

«Il restera sujet à une interdiction de recevoir du courrier et des visites, de même qu'il n'aura pas accès aux médias», a expliqué M. Hatlo à l'AFP.

«J'ai aussi reçu l'assurance du directeur de la prison d'Ila qu'il restera à l'écart des autres prisonniers pour que sa sécurité puisse être assurée», a-t-il ajouté, alors que certains dans le monde carcéral se sont promis de liquider Behring Breivik selon la presse populaire norvégienne.

Comme aujourd'hui, ses seuls contacts avec l'extérieur seront donc limités aux gardiens et à l'aumônier de la prison, aux enquêteurs et à son avocat Geir Lippestad.

Ce dernier a toutefois annoncé jeudi son intention de rencontrer les dirigeants de la prison pour assouplir les conditions de détention de son client.

«À un moment ou à un autre, il faudra qu'il puisse avoir des contacts avec d'autres personnes et bénéficier des mêmes conditions que les autres prisonniers», a déclaré M. Lippestad à la télévision publique NRK.

«Je demanderai donc à ce qu'il puisse rencontrer d'autres détenus», a-t-il dit.

Lors d'une comparution devant le tribunal d'Oslo en août, Behring Breivik s'était plaint de son maintien en isolement total, qualifiant de «méthode de torture sadique» ce régime carcéral «ennuyant» et «monotone».

L'extrémiste devrait de nouveau comparaître avant le 14 novembre devant un juge, qui devra se prononcer sur le prolongement de sa détention provisoire dans l'attente d'un procès qui devrait se tenir au premier semestre 2012.

Se présentant comme un «croisé» en guerre contre l'islam et le multiculturalisme, Behring Breivik a reconnu être l'auteur des attaques du 22 juillet qui ont fait au total 77 morts.

Après avoir posé une bombe de près d'une tonne près du siège du gouvernement, il avait ouvert le feu sur des centaines de jeunes travaillistes réunis en camp d'été sur l'île d'Utoya, à une quarantaine de km au nord-ouest d'Oslo, où la police dit avoir retrouvé 186 douilles vides.