Les mesures de détention et d'isolement de l'auteur du massacre de juillet en Norvège, Anders Behring Breivik, ont été prolongées lundi par le tribunal d'Oslo qui a dit vouloir ainsi éviter des destructions de preuves avant le procès attendu au premier semestre 2012.

«La cour ne trouve pas déraisonnable qu'il soit maintenu en isolement complet en raison du risque que lui ou d'autres détenus puissent contacter des complices (...) et détruire des preuves», a déclaré lundi la juge Anne Margrethe Lund à l'issue de l'audience.

Behring Breivik, qui a reconnu être coupable des deux attaques qui ont fait 77 morts au total le 22 juillet, sera donc détenu jusqu'au 14 novembre et en isolement total jusqu'au 17 octobre.

À l'expiration de ces délais, le tribunal se prononcera de nouveau sur la prolongation des mesures.

En Norvège, la détention provisoire et l'isolement ne peuvent être décrétés que pour des périodes maximales renouvelables de huit et quatre semaines respectivement.

Toutefois, «la cour espère que le procès proprement dit débutera pendant le premier semestre 2012 et que les débats seront resserrés afin que nous puissions conclure avant l'été», a déclaré la juge Lund.

Au cours de l'audience qui a duré un peu plus longtemps que prévu, Behring Breivik a été autorisé à parler, mais pas à lire une déclaration écrite qu'il avait préparée, a indiqué à l'AFP Mme Lund.

L'accusé a répété devant la cour à quel point il trouvait éprouvantes les conditions de l'isolement total, a indiqué son avocat Geir Lippestad en soulignant que la juge avait interdit la divulgation de la teneur des débats du jour.

Cette troisième comparution de Behring Breivik depuis son arrestation le jour des attaques meurtrières devait être la première en public, mais elle s'est déroulée comme les autres à huis clos à la demande de la police qui craignait que l'accusé de 32 ans ne cherche à communiquer avec d'éventuels complices.

En détention provisoire dans une prison de haute sécurité près d'Oslo, «il a donné la même raison qu'il y a quatre semaines pour expliquer pourquoi il voulait la levée de la mesure d'isolement, à savoir qu'il considère que c'est une forme de torture», a relevé la juge Lund.

Behring Breivik a reconnu être l'auteur de l'attentat à la bombe contre le siège du gouvernement norvégien à Oslo, puis de la fusillade contre un rassemblement de jeunes travaillistes sur l'île d'Utoeya, à une quarantaine de kilomètres de la capitale où il a abattu 69 personnes.

Se présentant comme un croisé en guerre contre l'«invasion musulmane» et le multiculturalisme en Europe, il affirme avoir agi seul, tout en évoquant l'existence d'autres cellules en Norvège et à l'étranger.

Depuis son arrestation, Behring Breivik semble vouloir attirer un maximum d'attention sur lui.

Après avoir demandé en vain de pouvoir revêtir un «uniforme» pour sa première comparution en juillet, il a réclamé pour sa deuxième comparution en août le droit de porter une sorte de queue-de-pie, a priori un uniforme de franc-maçon dans lequel il pose sur une des photos qu'il a diffusées sur internet avant le carnage.

Mais le juge avait refusé, estimant qu'«eu égard à l'extrême gravité de l'affaire, une telle tenue pourrait être perturbante, insultante ou provocante».

Lundi, il s'est montré calme vêtu d'un costume et d'une cravate au lieu de son habituelle chemise polo Lacoste rouge, a indiqué à l'AFP l'un des 154 avocats des parties civiles, Frode Elgesen.

Selon les médias norvégiens, Lacoste a contacté la police d'Oslo pour lui demander que Behring Breivik, plusieurs fois photographié dans des vêtements de la marque, cesse de les porter.