Le président d'honneur du Front national, Jean-Marie Le Pen, s'est démarqué de la position officielle de ce parti d'extrême droite français en jugeant que la «naïveté» du gouvernement norvégien était «plus grave» que les attaques, qu'il a qualifiées d'«accidents».

«La situation me paraît grave non pas par cet accident d'un individu qui, sous l'effet d'une folie fut-elle passagère, se met à massacrer ses concitoyens», affirme dans une vidéo mise en ligne vendredi sur le site internet du FN son dirigeant historique, âgé de 83 ans.

«Ce qui me paraît plus grave et que démontre cette affaire, c'est la naïveté et l'inaction du gouvernement norvégien (...). Vous savez que les policiers en Norvège ne sont pas armés», s'est encore étonné Jean-Marie Le Pen, à qui sa fille Marine a succédé à la tête du FN en janvier.

À propos du Norvégien Anders Behring Breivik qui a reconnu la tuerie ayant fait 77 morts et qui n'a pas caché son islamophobie, M. Le Pen a estimé qu'«apparemment, il s'agit d'un homme qui n'est pas en possession de ses moyens intellectuels, qui est un malade».

Jean-Marie Le Pen, familier des provocations et plusieurs fois condamné en justice pour ses propos sur la Shoah et l'immigration, parle aussi de la Norvège comme d'«un petit pays sympathique», «mais qui n'a pas pris la mesure du danger mondial que représentent d'abord l'immigration massive (...) mais encore le terrorisme, qui est un phénomène mondial».

Contactés samedi par l'AFP, ni la présidente du FN, ni ses proches n'ont souhaité réagir. Ces propos pourraient embarrasser Marine Le Pen, qui s'emploie à conférer une image de respectabilité à son parti et qui avait condamné officiellement la tuerie, soucieuse de ne pas voir son parti associé à ce carnage.

Mais le FN a dû également suspendre quelques jours plus tard l'un de ses membres, Jacques Coutela, qui avait diffusé sur son blogue un texte faisant l'apologie d'Anders Behring Breivik et de son islamophobie. Un cadre du parti avait également posté plusieurs messages sur Twitter où il semblait faire un lien entre la hausse de l'immigration en Norvège et la tuerie.

Jean-Marie Le Pen a maintenu samedi ses propos auprès de l'AFP, tout en se défendant de toute provocation. «La folie d'un dingo ce sont des choses qui arrivent. En revanche, les conséquences meurtrières me paraissent quand même beaucoup plus liées à la naïveté de l'État norvégien qu'à la folie de ce dingo», a-t-il redit.