La police norvégienne va de nouveau interroger vendredi l'auteur des attaques qui ont ensanglanté la Norvège, Anders Behring Breivik, avec l'espoir de lever des zones d'ombre: pourquoi avait-il un talkie-walkie? Et qu'en est-il des «cellules» dont il a évoqué l'existence?

Lors de cette audition, la deuxième depuis son arrestation, il sera interrogé sur «les informations reçues ces derniers jours, et il y en a beaucoup», a indiqué Paal-Fredrik Hjort Kraby, un responsable de l'enquête, jeudi lors d'un point de presse.

Même s'il a reconnu être l'auteur des attaques du 22 juillet et s'il dit avoir agi seul, la police cherche encore d'éventuelles complicités dans le pays scandinave et de possibles ramifications à l'étranger.

«Nous avons toujours dit qu'on n'excluait pas que d'autres personnes aient été impliquées et nous enquêtons sur ce point», a déclaré jeudi à l'AFP un porte-parole de la police d'Oslo, Henning Holtaas.

«La théorie sur d'éventuelles complicités s'affaiblit avec le temps», a-t-il cependant ajouté, soulignant qu'«aucun indice pour soutenir cela n'avait été retrouvé» sur les lieux du drame.

Après avoir commis un attentat à la voiture piégée contre le siège du gouvernement, faisant huit morts, Behring Breivik, un extrémiste de droite de 32 ans, avait ouvert le feu sur quelque 600 jeunes travaillistes réunis sur l'île d'Utoya, faisant 68 autres victimes.

Jeudi, la police norvégienne a annoncé avoir mis fin à ses recherches en vue de retrouver des disparus autour de l'île, sans préciser si cela changeait le bilan total de 76 morts fourni jusqu'à présent.

Selon le procureur du roi, plus haute instance du parquet en Norvège, un procès ne devrait pas avoir lieu avant 2012 en raison du caractère «très conséquent» et «exigeant» de l'enquête.

Parallèlement, les experts en terrorisme de l'Union européenne devaient tenir une réunion d'urgence à Bruxelles avec leurs homologues norvégiens le même jour afin d'analyser les moyens dont dispose l'UE pour prévenir de telles attaques.

«Il s'agira essentiellement d'un échange d'informations avec les Norvégiens et il ne faut pas attendre de décisions», a indiqué un diplomate à l'AFP.

À Oslo, la police doit encore percer un certain nombre de mystères, notamment concernant les témoignages faisant état d'un talkie-walkie que portait Behring Breivik sur Utoya, à une quarantaine de kilomètres d'Oslo.

«Il est venu vers nous, il était habillé comme un policier. Il avait tout l'équipement, le talkie-walkie, les armes, tout», a déclaré un survivant, Jo Granli Kallset, 15 ans, mercredi à l'AFP.

L'équipement pouvait faire partie de son déguisement, mais il pourrait aussi avoir servi pour communiquer avec d'éventuels complices.

Selon son avocat Geir Lippestad, le tueur, qui se dit engagé dans une croisade pour «sauver la Norvège et l'Europe de l'Ouest face, entre autres, (...) à une invasion musulmane», a aussi évoqué une organisation qui comprenait «deux (autres) cellules en Norvège» et «plusieurs cellules à l'étranger».

«Jusqu'à présent, nous n'avons aucune information ou indication qu'il ait eu des complices ou qu'il y ait d'autres cellules en Europe», a indiqué à l'AFP Janne Kristiansen, la directrice du Service de sécurité de la police (PST), mercredi soir.

Mais ses services travaillent «en liaison étroite» avec leurs homologues «en Europe, aux États-Unis et ailleurs», a-t-elle dit.

Mercredi à Oslo, le premier ministre norvégien Jens Stoltenberg a annoncé la mise en place d'une commission pour tirer les leçons des attaques.

M. Stoltenberg s'est aussi engagé à procéder à un examen approfondi des mesures de sécurité sur fond de critiques sur la façon dont la police a géré les attaques, notamment sa lenteur supposée pour neutraliser le tireur.

Près d'une heure s'est écoulée entre le moment où elle a été alertée et celui où Behring Breivik a été arrêté.

De son côté, le chef de l'équipe d'intervention qui a arrêté l'auteur de la fusillade sur l'île d'Utoya s'est dit «fier» du travail de ses hommes.

Placé en détention provisoire lundi pour une première période renouvelable de huit semaines, Behring Breivik doit subir des examens psychiatriques.