Près de 200 personnes ont assisté à une cérémonie, mercredi soir à l'église norvégienne de Montréal, pour commémorer les 76 victimes des attaques de vendredi, en Norvège.



Fathima Mushrifa Ali s'est sentie doublement touchée par les attentats. Son teint basané et le voile couvrant ses cheveux noirs le cachent bien, mais cette Sri-Lankaise d'origine se considère d'abord et avant tout comme Norvégienne, ayant grandi dans ce pays avant de s'installer au Canada. Elle venait également prier pour son frère qui, militant au sein de l'aile jeunesse du Parti travailliste, se trouvait dans l'île d'Utoya quand la tuerie est survenue.

Les larmes aux yeux, Fathima Mushrifa Ali raconte comment son frère a vu tomber devant lui un jeune homme fauché par une rafale de balles. Arshad Ali a peut-être réussi à se cacher in extremis du tueur, mais il peut difficilement fuir le souvenir de cette funeste journée où il a vu plusieurs de ses amis mourir. Il suit une thérapie à Oslo depuis les événements.

«Dieu était avec lui, Dieu était avec tous les survivants ce jour-là», laisse tomber sa soeur, qui a encore de la difficulté à accepter qu'un tel événement soit survenu dans le pays où le reste de sa famille vit toujours. «Ça arrive partout dans le monde, mais on se disait que la Norvège était le dernier endroit où ça pouvait arriver. C'est pour ça que je n'ai pas cru ma mère d'abord quand elle m'a appelé pour me dire que mon frère était en danger», dit Fathima Mushrifa Ali.

Parallèle québécois

Ébranlée par la tragédie en Norvège, une survivante de Polytechnique, Heidi Rathjen, a tenu à prendre part à la cérémonie. «Jamais une tuerie ne m'avait autant touchée depuis Polytechnique. On les a tués simplement pour leurs croyances en un monde meilleur. Ils étaient innocents», a-t-elle confié, la voix étranglée par l'émotion.

La ministre de l'Immigration, Kathleen Weil, était aussi présente pour manifester le soutien du gouvernement québécois. «C'est tellement bouleversant. On voit les images et, en tant que Montréalais, ça nous rappelle les tragédies qu'on a vécues ici: Polytechnique, Concordia, Dawson. Tout de suite, on comprend que ça va être un événement marquant pour le pays.»

Présent à la cérémonie, le cochef de Québec solidaire, Amir Khadir, estime que la tragédie en Norvège vient souligner l'importance de conserver le registre des armes à feu au Canada. Surtout que, souligne le député de Mercier, le tueur aurait utilisé la même arme que Marc Lépine lors des événements de Polytechnique, un Ruger mini-14. C'est du moins ce qu'indique Breivik dans son manifeste.

S'ils n'ont pas été directement touchés, plusieurs autres participants à la cérémonie de Montréal se sont dits profondément touchés par la tragédie. Marié à une Norvégienne originaire de Hole, commune où se trouve l'île d'Utoya, Jean-Pierre Campeau avait de la difficulté à contenir ses larmes en pensant aux nombreux jeunes tués durant les attaques.