Anders Behring Breivik, qui a reconnu avoir perpétré le carnage qui a fait 76 morts vendredi en Norvège, aurait dû se suicider plutôt que de tuer d'autres gens, a estimé son père dans une interview diffusée lundi par la chaîne TV2.

«Je pense que ce qu'il aurait dû finir par faire, c'était de se donner la mort plutôt que de tuer tant de personnes», a déclaré Jens Breivik, depuis le village de Cournanel (sud de la France), où il passe sa retraite.

Ancien diplomate, Jens Breivik n'a plus de contacts avec son fils depuis plus d'une quinzaine d'années.

«Je n'aurai plus jamais de contacts avec lui», a affirmé Jens Breivik, interviewé de dos sur sa terrasse, avec deux gendarmes postés à proximité.

Alors que la journaliste relève que ses propos sur le suicide de son fils sont très forts, il répond: «oui, ça l'est».

«Mais quand je repense à ce qui s'est passé, ça me désespère. Je ne comprends toujours pas comment quelque chose de pareil pouvait se produire. Une personne normale ne peut pas faire ça», ajoute-t-il.

Dans le manifeste de 1500 pages qu'il a posté sur l'internet le jour du carnage, Anders Behring Breivik évoque notamment ses rapports avec sa famille.

Il y explique que ses parents ont divorcé alors qu'il n'avait qu'un an et qu'il a grandi avec sa mère.

«J'avais une bonne relation avec lui et sa nouvelle femme à l'époque (..) jusqu'à l'âge de 15 ans», dit-il, ajoutant ne plus lui avoir parlé depuis lors «parce qu'il s'est isolé».

«Il a quatre enfants mais a rompu le contact avec les quatre, c'est donc assez clair à qui incombe la faute. Je ne lui en veux pas mais certains de mes demi-frères et soeurs, si», poursuit-il.

«Le truc, c'est qu'il n'a pas le sens des relations humaines. J'ai essayé de le contacter il y a cinq ans mais il a dit qu'il n'était pas prêt mentalement à des retrouvailles pour différentes raisons, dont sa mauvaise santé», dit-il.

Anders Behring Breivik, 32 ans, a reconnu être l'auteur de l'attentat à la bombe et de la fusillade visant des jeunes qui ont fait 76 morts en Norvège vendredi.

Selon le juge qui l'a placé lundi en détention provisoire pour une période renouvelable de huit semaines, Behring Breivik a dit avoir perpétré ce massacre pour «sauver la Norvège et l'Europe de l'Ouest face, entre autres, au marxisme culturel et une invasion musulmane».

Dans un entretien diffusé dimanche par le journal norvégien Verdens Gang, Jens Breivik se disait sous le choc. Le retraité n'avait pas vu son fils depuis des années et a découvert en lisant des journaux sur l'internet qu'il avait reconnu la responsabilité des attaques d'Oslo et de l'île d'Utoeya, qui ont fait 76 morts.

Depuis, Jens Breivik refusait de s'exprimer, malgré les sollicitations des journalistes.

Le procureur de Carcassonne, Antoine Leroy, a souligné que les gendarmes se trouvaient depuis dimanche, à titre préventif, aux abords de la maison occupée par Jens Brevik.

«Il n'y a aucun indice laissant penser qu'il y a la moindre menace contre ce monsieur, c'est de la prévention. Il y a eu des rumeurs de perquisition, mais ceci est parfaitement inexact, il n'y a aucun événement judiciaire à Cournanel», a déclaré à l'AFP le procureur de la République.

Si des militaires de la Légion étrangère ont été vus dimanche devant la villa, c'est parce que l'un d'entre eux a servi de traducteur, a indiqué le procureur.

Les gendarmes prévoient une présence à long terme pour surveiller les abords de la maison du couple, dans ce village tranquille de 600 habitants, situé près de la ville de Limoux.

Dimanche, l'épouse de Jens Breivik, Wanda, avait tenté de faire diversion en affirmant que son mari avait quitté la maison dans la matinée pour se rendre en Espagne.

«Nous avons passé une nuit horrible. Je n'ai pas dormi. Mon mari est parti (dimanche) matin en Espagne (pour échapper à la pression médiatique)», avait-elle déclaré, au bord des larmes.

«Je n'ai jamais vu son fils», a ajouté en norvégien la deuxième épouse de Jens Breivik (qui avait divorcé de la mère d'Anders Behring Breivik), selon la traduction d'une journaliste d'une chaîne de télévision norvégienne.