Trois mois et demi après le massacre des petits écoliers de Newtown, le Connecticut, théâtre de la tragédie, a voté mercredi le renforcement de ses lois sur les armes à feu, devenant selon ses législateurs l'État américain le plus strict en la matière.

Après plusieurs heures de débat, le Sénat a voté par 26 voix à 10 pour ce renforcement, et la Chambre devait lui emboîter le pas dans la soirée. Le gouverneur démocrate Dan Malloy a prévu de signer la loi dès jeudi.

Le Connecticut est le troisième État à durcir ainsi sa législation depuis le drame du 14 décembre, dans lequel 20 enfants et six adultes ont été tués à l'école Sandy Hook.

La nouvelle loi, objet d'un accord difficile, négocié pendant des semaines entre républicains et démocrates, rend obligatoire la vérification des antécédents de tous les acheteurs d'armes à feu, qu'il s'agisse de ventes privées ou publiques.

Plus de 160 armes d'assaut y seront désormais interdites, contre 66 précédemment. L'achat et la revente de chargeurs de grande capacité (plus de dix balles) seront également interdits. Ceux qui en possèdent n'ont pas à s'en débarrasser, mais devront être enregistrés.

Et les propriétaires d'armes devront désormais s'assurer qu'elles sont inaccessibles non seulement aux moins de 16 ans, comme auparavant, mais aussi aux personnes jugées à risque.

En outre, les personnes ayant été hospitalisées dans un établissement psychiatrique ne seront pas autorisées à posséder une arme pendant cinq ans (contre un an jusqu'à présent).

La nouvelle loi prévoit aussi la création d'un fichier des personnes condamnées pour des actes impliquant des armes, une première aux États-Unis.

Seuls trois États ont durci leur législation

Elle a été vivement dénoncée mercredi par des centaines de manifestants rassemblés près du Capitole du Connecticut, dont certains s'étaient précipités ces derniers jours chez les armuriers pour acheter ce qui ne sera plus autorisé.

Avant son adoption, cette nouvelle législation avait fait l'objet d'intenses discussions au sein d'un groupe de travail bipartisan, mis en place après la tragédie de Newtown.

Le 14 décembre, Adam Lanza, un jeune déséquilibré de 20 ans avait ouvert le feu dans deux classes de CP de Sandy Hook avec un fusil d'assaut, tuant en moins de 5 minutes 20 petits élèves et 6 femmes de l'encadrement, et traumatisant le pays.

Mais depuis, l'effet Newtown s'est émoussé dans l'opinion publique, et en dépit des efforts du président Obama, contré par la NRA, le puissant lobby des armes, tout espoir de voir le Congrès renforcer de manière significative la législation sur les armes au niveau national a disparu. L'interdiction des armes d'assaut, en vigueur de 1994 à 2004, ne sera notamment pas renouvelée.

Et seuls trois États ont modifié leur législation depuis Newtown. New York a été le premier en janvier. Le Colorado a suivi en mars, et désormais le Connecticut a agi à son tour.

Selon le Centre de prévention de la violence armée (Law Center to prevent gun violence) 16 États ont cependant introduit en 2013 des projets de loi visant à généraliser la vérification des antécédents des acheteurs des armes à feu, et 17 États l'ont fait pour interdire les chargeurs de grande capacité.

Les armes à feu tuent chaque année quelque 30 000 personnes aux États-Unis.