Depuis la tragédie survenue dans une école à Newtown, l'idée d'armer les professeurs dans les établissements scolaires a, aux États-Unis, de vigoureux partisans qui assurent qu'il s'agit du seul moyen d'éviter la répétition d'un massacre similaire.

Jeudi, dans l'Utah --un des deux seuls États américains avec le Kansas où le port d'armes est autorisé dans les écoles--, quelque 200 enseignants ou employés d'écoles ont participé à un entraînement pour décrocher un permis de port d'arme offert gratuitement par l'Utah Shooting Sports Council (USSC), un groupe de défense des détenteurs d'armes à feu.

L'initiative a attiré au total 400 personnes, mais seule une moitié a pu participer à cette demi-journée de formation, a précisé à l'AFP Bill Scott, un des membres de l'USSC.

Le fait que les professeurs soient armés, «non seulement, leur permettrait de s'opposer à un assaillant, mais en prime, c'est très dissuasif pour d'éventuels agresseurs de savoir que les professeurs sont armés dans l'Utah», assure-t-il.

«Nous ne disons pas que tous les professeurs devraient être armés. Nous disons seulement que ceux qui font ce choix, qui souhaitent suivre cette formation, peuvent le faire dans l'Utah, et on veut juste leur faciliter la tâche», poursuit M. Scott.

Le ministre de la Justice de l'Arizona a de son côté proposé mercredi d'autoriser les enseignants ou les directeurs ou employés d'écoles à porter des armes dans leurs établissements.

«Notre proposition est que dans chaque école qui le souhaite, on désigne le directeur ou toute autre personne pour recevoir un entraînement au maniement des armes à feu et à la gestion de situations d'urgence comme celle de Newtown», a-t-il expliqué.

«C'est fou!»

«La solution idéale serait d'avoir un policier armé dans chaque école», souligne le ministre, en écho à ce que propose la NRA, le puissant lobby des armes américain. S'il rappelle que c'est déjà le cas dans certains établissements de son État, il évoque aussi des considérations budgétaires qui ont poussé à couper les crédits alloués à ce programme.

«Dans ce contexte, la seconde meilleure solution consiste à ce qu'il y ait dans l'école quelqu'un d'entraîné au maniement des armes et à la gestion des situations de crise, et qu'il y ait une arme à feu dans un endroit bien sécurisé», ajoute M. Horne.

Dans le Missouri, un projet de loi similaire a été présenté la semaine dernière. Dans une lettre adressée aux directeurs d'écoles publiques, le gouverneur démocrate de l'État, Jay Nixon, a toutefois affirmé son opposition à une telle mesure.

«Apporter des armes chargées dans les salles de classe est la mauvaise approche pour régler un problème grave qui nécessite une analyse poussée», écrit-il.

Dan Gross, président du principal groupe de pression anti-armes américain, baptisé Brady Campaign To Prevent Gun Violence, est du même avis: «C'est fou», assène-t-il quand il évoque les propositions destinées à armer les professeurs, rapporte le site d'informations Politico.

«Cela revient à dire que la seule réponse à la violence, c'est plus de violence», regrette M. Gross.

Selon un décompte du Huffington Post, des élus républicains de six États ont assuré qu'ils déposeraient en 2013 des projets de loi autorisant le port d'armes dans les établissements scolaires.

Le 14 décembre, 20 enfants et 6 adultes ont été tués par un assaillant de 20 ans lourdement armé dans une école de Newtown, dans le Connecticut. Cette tragédie a relancé une nouvelle fois le débat sur la législation encadrant le port d'armes aux États-Unis.

Selon un sondage publié jeudi par le quotidien USA Today, 58% des Américains se disent en faveur de lois plus strictes sur la vente des armes, une forte hausse par rapport à octobre 2011 quand seulement 43% d'entre eux adhéraient à cette idée.