Le président Barack Obama s'est dit mardi favorable à un projet de loi visant à bannir les fusils d'assaut, alors que les écoles rouvraient pour la première fois à Newtown après le massacre de 20 enfants dans l'école de Sandy Hook vendredi.

Le président «soutient activement» les efforts menés au Congrès pour ré-imposer une loi en ce sens, a déclaré son porte-parole Jay Carney, en référence à la proposition que compte introduire en janvier au Congrès la sénatrice démocrate de Californie Dianne Feinstein.

M. Carney a ajouté que M. Obama était également favorable à combler le vide juridique qui permet actuellement d'acheter des armes auprès de vendeurs privés (dans les foires aux armes par exemple) sans vérification préalable.

Ces propos interviennent alors que le débat sur les armes à feu s'est intensifié aux États-Unis - mais pour combien de temps ? - , quatre jours après le massacre de Sandy Hook (26 victimes dont 20 enfants) qui a traumatisé le pays, en raison du nombre des élèves tués et de leur jeune âge. Ils avaient tous entre six et sept ans.

Le puissant lobby américain des armes à feu de la National Rifle Association (NRA), dont le silence après la tuerie de Newtown avait été remarqué, a exprimé mardi sa tristesse à la suite de ces «meurtres horribles et insensés».

«Par respect pour les familles et par décence, nous avons pris le temps du deuil, de la prière et le temps de voir l'enquête menée à bien avant de faire un commentaire», commente le bref communiqué publié sur le site internet de l'association, annonçant une conférence de presse vendredi à Washington.

A Newtown, les écoles avaient rouvert mardi, un pâle semblant de normalité alors que la ville continue à enterrer ses enfants massacrés par un jeune du pays, décrit comme solitaire et très intelligent, Adam Lanza, 20 ans.

L'école de Sandy Hook, toujours «scène de crime», était elle restée fermée, et pourrait l'être indéfiniment. Ses élèves seront accueillis dans un autre établissement.

57% des Américains pour un renforcement des lois

Mais ailleurs dans la petite ville traumatisée, où des mémorials improvisés à chaque coin de rue témoignent de la douleur et du choc, de très nombreux parents anxieux ont accompagné leurs enfants à l'école.

Ailleurs dans le pays, des mesures de sécurité supplémentaires de sécurité ont également été mises en place dans certaines crèches et écoles.

Le gouverneur républicain du Michigan Rick Snyder a opposé mardi son veto à une loi permettant de détenir une arme sur soi, cachée, dans les églises, les écoles et les crèches.

Dans la ville de Kearns, dans l'Utah (ouest), un enfant de 11 ans a été inculpé pour possession d'armes après avoir introduit lundi dans son école un pistolet, expliquant redouter qu'un massacre similaire à celui du Connecticut ne se produise, a indiqué mardi à l'AFP un porte-parole de l'établissement. L'arme n'était pas chargée mais l'enfant avait des munitions.

Le débat sur les armes a pris une nouvelle vigueur depuis la tuerie de Newtown, en particulier sur l'opportunité de durcir la réglementation fédérale pour les fusils d'assaut, l'arme utilisée par Lanza.

Apparemment, le bilan aurait pu être encore pire. Le tueur s'est suicidé en entendant la police arriver, selon le gouverneur du Connecticut Dan Malloy. Et il lui restait alors de très nombreuses munitions, selon le porte-parole de la police Paul Vance.

Dans un sondage CBS publié mardi matin, 57% des Américains se sont déclarés favorables à un renforcement de la loi sur les armes à feu, le pourcentage le plus élevé depuis 10 ans.

Plus de 177 000 personnes avaient mardi matin signé une pétition sur le site de la Maison Blanche en faveur d'un renforcement des lois.

Et plusieurs maires de grandes villes ont envoyé une lettre ouverte au président et au Congrès pour demander «une action immédiate», interdire les fusils d'assaut, renforcer les vérifications préalables à l'achat d'une arme, combler les vides juridiques, et renforcer les pénalités pour les achats «sauvages» d'armes à feu.

La proposition de Dianne Feinstein devrait être présentée au Congrès dès le 3 janvier. Elle entend interdire la vente, le transfert, la fabrication et l'importation d'une centaine de modèles d'armes d'assaut.