Les premières dames polonaise et russe se sont recueillies dimanche à Smolensk avec des proches des 96 victimes de l'accident d'avion dans lequel périt en avril le président Lech Kaczynski, achevant aussi de manière symbolique le pèlerinage qu'il devait faire à Katyn.
Le Tupolev 154 de la présidence polonaise qui transportait, outre M. Kaczynski et son épouse, nombre de hauts responsables du pays, s'était écrasé le 10 avril en tentant d'atterrir par un épais brouillard à Smolensk, dans l'ouest de la Russie, ne laissant aucun survivant.
En pleine phase de rapprochement avec la Russie, la délégation polonaise se rendait pour une cérémonie à Katyn, le lieu du massacre longtemps nié par Moscou de 22 000 officiers polonais par la police politique de Staline, le NKVD, en 1940.
Sur les lieux de l'accident, les proches des victimes se sont recueillies près des débris de l'avion, et la veuve du vice-ministre polonais de la Défense tué dans la catastrophe, Ewa Komorowska, a lu les noms des 96 victimes.
Des prêtres catholique et orthodoxe ont célébré l'office des morts sur la clairière où l'avion s'est écrasé en présence de près de 200 membres des familles des victimes et des responsables polonais.
L'épouse du président russe, Svetlana Medvedeva, a déposé un bouquet de roses rouges et blanches, allumé une bougie et s'est signée devant un mémorial installé à l'endroit où avait été découvert le corps du président Kaczynski.
«Cette tragédie nous a tous profondément bouleversés, le président russe, tout le peuple russe et moi-même. Dans ces heures difficiles nous étions avec vous», a-t-elle déclaré.
«Notre histoire a connu des pages difficiles, mais nos peuples ont toujours trouvé des voies vers le respect et la confiance mutuels. Nous sommes en deuil avec vous», a ajouté l'épouse de Dmitri Medvedev.
Le président russe doit se rendre en visite en Pologne en décembre, a-t-elle indiqué.
Après les cérémonies à Smolensk, la délégation s'est rendue à Katyn,
«Je veux remercier l'épouse du président russe qui se rend avec nous dans ce lieu particulier pour les Polonais, à Katyn. Ce pèlerinage est né du sentiment d'amour et de la douleur commune», a dit Anna Komorowska, l'épouse du président polonais Bronislaw Komorowski.
La catastrophe était survenue en avril alors que Moscou et Varsovie, dont les relations ont été souvent difficiles, entamaient un rapprochement. La pierre angulaire en était la pleine reconnaissance par les Russes de la tragédie de Katyn, et la transmission à la partie polonaise d'archives restées secrètes sur la question.
Lors de la catastrophe, les autorités russes ont déployé de grands moyens pour accueillir les proches des victimes et promis une enquête la plus objective possible.
Le président russe avait mis un point d'honneur à se rendre le 18 avril aux obsèques en Pologne de Lech Kaczynski, auxquelles la plupart des dirigeants européens ne s'étaient pas rendus en raison de la paralysie du trafic aérien causée par les cendres d'un volcan islandais.
Mais les mois qui ont suivi ont montré la persistance de points de friction entre les deux pays, des responsables polonais dénonçant notamment le «retard» de la transmission par la justice russe de la documentation sur l'accident.
En juillet, Jaroslaw Kaczynski, frère jumeau du président polonais mort dans l'accident d'avion, avait déclaré avoir «refusé» les condoléances présentées par le premier ministre russe Vladimir Poutine.
Enfin, en septembre, la Pologne a opposé une fin de non-recevoir à la demande de Moscou d'extrader le leader indépendantiste tchétchène en exil Akhmed Zakaev, qui était venu participer à un congrès séparatiste à Varsovie.