L'Institut médico-légal de Paris a commencé hier à prélever des échantillons d'ADN sur les dépouilles de 104 des 228 victimes de l'écrasement en juin 2009 d'un appareil d'Air France devant relier Rio de Janeiro à la capitale française.

L'organisation a indiqué par communiqué que les analyses génétiques ainsi que des examens dentaires seront utilisés pour identifier les corps, retrouvés début juin à plusieurs kilomètres de profondeur.

Ils ont été acheminés à Paris en matinée, au lendemain de leur arrivée en France à bord d'un navire affrété par le Bureau d'audiences et d'enquêtes (BEA), qui continue son enquête sur les causes du tragique accident du vol AF447.

Le processus d'identification, qui devrait s'étaler sur plusieurs mois, constitue une épreuve additionnelle pour les familles des victimes.

Jean-Baptiste Audousset, qui préside l'assocation Entraide et Solidarité AF447, a prévenu il y a quelques semaines que l'étape était potentiellement «traumatisante» pour les personnes concernées. «Il y a des familles auxquelles on ne rendra pas le corps», a-t-il relevé.

Les dépouilles de 70 victimes reposent toujours en mer et ne seront jamais retrouvées, les recherches ayant été interrompues. Cinquante corps avaient été récupérés dans les jours suivant l'accident.

Hier, la soeur d'un homme victime de l'accident, identifiée par son prénom Michelle, a indiqué à la radio Europe 1 qu'elle espérait recevoir un appel de l'institut. «On a envie qu'on nous rende le corps de notre cher disparu et en même temps on a très peur», a-t-elle déclaré.

«Le pire pour nous, ça serait qu'on ne nous appelle pas [...] Le pire, c'est le silence, c'est de ne pas avoir de coup de fil [...] On préférerait retrouver un corps pour l'enterrer», a indiqué son mari.

Boîtes noires

Le bateau du BEA transportait aussi des débris de l'appareil, un Airbus 330, qui ont été acheminés dans un entrepôt de Toulouse aux fins de l'enquête. Un rapport d'étape est attendu à la fin du mois de juillet.

Réagissant à la multitude «d'informations parcellaires et souvent approximatives» qui circulaient dans les médias, les enquêteurs ont diffusé fin mai une note contenant les premières «constations résultant de l'exploitation» du contenu des boîtes noires.

La note a confirmé que les sondes Pitot utilisées pour mesurer la vitesse avaient mal fonctionné, forçant les pilotes à prendre la relève du pilote automatique dans un contexte difficile qui a mené au décrochage et à la chute vertigineuse de l'appareil à près de 200 kilomètres à l'heure.

Plusieurs médias français ont fait grand cas du fait que les pilotes semblent avoir voulu cabrer l'appareil pour en reprendre le contrôle, y voyant une «erreur» importante.

«Tant qu'on ne saura pas exactement ce qu'ils (les pilotes) avaient devant les yeux, on ne peut rien conclure», a relevé hier, sous le couvert de l'anonymat, un spécialiste interrogé par La Presse.

La détermination des causes de l'accident et des responsabilités respectives des parties concernées représente un enjeu de taille pour Airbus et Air France, tant sur le plan commercial que judiciaire. Les deux firmes ont été mises en examen pour «homicides involontaires» relativement à cette affaire.