Les enquêteurs sur l'accident du vol Rio-Paris d'Air France, qui s'est abîmé en juin 2009 au large du Brésil, sauront lundi si les boîtes noires rapportées en France sont «exploitables» ou non, a indiqué jeudi le chef de l'enquête technique, Jean-Paul Troadec.

«Nous dirons lundi la situation en ce qui concerne la lecture des enregistreurs» de vol, repêchés en mai après 23 mois passés au fond de l'océan Atlantique, a dit M. Troadec lors d'une conférence de presse au Bourget (nord de Paris).

«Nous dirons quel sera l'état des boîtes noires, nous pourrons dire si elles sont exploitables ou s'il faut des travaux complémentaires» pour pouvoir les exploiter, a ajouté le directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), chargé de déterminer les causes de cet accident qui a fait 228 morts.

M. Troadec s'est dit «assez confiant» sur la possibilité pour le BEA d'exploiter ces boîtes noires, dont on ignore si une éventuelle corrosion a pu endommager les enregistrements des paramètres de vol et des conversations dans la cabine de pilotage de l'Airbus A330 d'Air France.

Les responsables du BEA ont en revanche refusé de s'engager sur un délai pour tirer des conclusions sur les causes de cet accident inexpliqué.

Du côté judiciaire, le procureur adjoint de Paris, Jean Quintard, qui participait également à la conférence de presse, a indiqué de son côté que «les conclusions ne pourront pas être connues avant la fin de l'année au plus tôt».

L'enquête judiciaire, qui se déroule parallèlement aux investigations techniques du BEA, a été confiée à deux juges parisiens. Dans ce volet, Air France et Airbus (EADS) ont été récemment mis en examen (inculpés) pour homicides involontaires.

Concernant les dépouilles des victimes de l'accident, le procureur adjoint de Paris a assuré que «la justice n'est pas insensible à la demande de certaines familles» de récupérer les dépouilles de leurs proches mais «elle ne le fera que si leur identification est possible».

Les deux corps repêchés la semaine dernière sont «dans un laboratoire privé» et «on saura d'ici mercredi si les ADN ont pu être extraits» sur ces dépouilles qui ont séjourné près de deux ans à près de 3.900 mètres de fond, a-t-il précisé.

Si l'identification n'est pas possible, «il sera inutile de remonter les corps» des autres victimes, a précisé le magistrat.

Le vol AF447 Rio-Paris qui a disparu des écrans le 1er juin 2009 transportait, outre l'équipage d'Air France, 216 passagers de 32 nationalités, dont 73 Français, 58 Brésiliens et 26 Allemands.

Au Brésil, les familles de victimes ont demandé à récupérer les corps de leurs proches, tandis que d'autres, notamment en France, préfèrent que les dépouilles ne soient pas remontées.