L'enquête pour déterminer les causes de la catastrophe de l'Airbus d'Air-France Rio-Paris, qui a tué 228 personnes, s'annonçait très incertaine mercredi, en dépit de l'arrivée prochaine dans la zone du crash de plusieurs navires français et brésiliens.

Le Bureau d'enquêtes et analyses (BEA), organisme officiel chargé de l'enquête française, a confié son scepticisme lors d'une conférence de presse sur la possibilité de retrouver les boîtes noires de l'appareil.«On ne peut pas exclure que l'on ne retrouve pas les enregistreurs», a déclaré le directeur du BEA, Paul Louis Arslanian. Il a rappelé que les enregistreurs de vol, ou boîtes noires, se trouvaient sans doute dans un endroit «profond et montagneux» dans l'Océan Atlantique.

Les familles des victimes veulent savoir la vérité sur les causes de la catastrophe, la pire dans l'aviation civile depuis l'accident d'un Airbus d'American Airlines à New York en 2001 (265 morts).

Elles sont désormais prévenues de la perte de leurs proches depuis la confirmation par Paris et Brasilia que les débris trouvés à un millier de kilomètres des côtes brésiliennes sont bien ceux de l'appareil d'Air France, qui s'est abîmé lundi au milieu de l'Atlantique.

«Même si la confirmation formelle reste à obtenir en récupérant un débris et en effectuant une analyse technique, le doute n'est plus permis», a estimé le capitaine de vaisseau Christophe Prazuck, de l'état-major des armées à Paris, interrogé par l'AFP. Mardi soir, le ministre brésilien de la Défense, Nelson Jobim, avait assuré n'avoir «aucun doute».

Trois navires marchands, déroutés afin de participer aux recherches, étaient arrivés dans la zone mardi soir. Ils devaient être rejoints mercredi par un patrouilleur de la marine brésilienne, puis par une frégate et une corvette.

Le ministre de la Défense a déclaré que le patrouilleur «commencerait les travaux de récupération des débris qui ont été localisés».

La France a également décidé de dépêcher sur place son navire de recherche et d'exploration sous-marine «Pourquoi pas», équipé de deux robots sous-marins, afin de tenter de repérer l'épave et les boîtes noires.

«On estime qu'on est probablement dans une zone à 3.600-3.700 mètres, il faut savoir qu'on n'a jamais récupéré de boîtes noires à cette profondeur», a déclaré le ministre français des Transports, Jean-Louis Borloo.

Au Brésil, comme en France, l'heure est aussi au recueillement, après un drame qui a suscité une énorme émotion.

Les 228 personnes à bord de l'avion étaient de 32 nationalités. Parmi elles, il y avait 72 Français, 59 Brésiliens et 26 Allemands.

Le Brésil a décrété trois jours de deuil national. La France, de son côté, devait rendre hommage aux victimes, autant de destins brisés et de drames familiaux, lors d'un office religieux oecuménique célébré mercredi après-midi en la cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence du président Nicolas Sarkozy.

Le Conseil français du culte musulman a organisé une «prière de l'absent» mercredi à la grande mosquée de Paris, tandis qu'un office devait avoir lieu dans la soirée dans l'une des principales synagogues de Paris.

En France et ailleurs, sont relatés les drames d'entreprises endeuillées ou d'enfants orphelins après la mort de leurs deux parents, partis pour ce qui devait être un séjour de rêve à Rio de Janeiro.

Telle cette Espagnole, jeune mariée, Anna Negra Barrabeig, disparue dans le vol AF-447 alors qu'elle revenait de lune de miel, sans son mari, rentré sur un autre vol.

Dans l'attente d'éléments matériels d'explication, les responsables français ont appelé à la prudence face aux premières explications avancées, notamment sur la possibilité que l'avion ait été touché par la foudre.

«Aucune hypothèse» n'est «pour l'heure privilégiée», a rappelé mardi le premier ministre François Fillon.