Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a demandé jeudi à la Corée du Nord d'agir concrètement pour montrer son «sérieux» à propos du dialogue qu'elle a proposé récemment de relancer.

Lors d'une conférence de presse à Tokyo, deuxième étape après Pékin d'une tournée asiatique, le chef du Pentagone a appelé le régime communiste à cesser son «comportement belliqueux» et souligné que les États-Unis s'efforçaient de prévenir une nouvelle «provocation» de Pyongyang.

«Il doit y avoir des preuves concrètes que (la Corée du Nord) est finalement sérieuse à propos des négociations», a dit M. Gates, qui s'exprimait au côté de son homologue japonais, Toshimi Kitazawa.

À Pékin, le responsable américain a suggéré que le Nord prouve sa sincérité en gelant ses essais nucléaires ou ses tirs de missiles.

M. Gates a estimé que les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud et la Chine avaient «un intérêt commun» à assurer la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne.

La tension est montée à son plus haut niveau entre les deux Corées après le bombardement par Pyongyang d'une île sud-coréenne en novembre, mais depuis fin décembre, le Nord a multiplié les appels à la reprise du dialogue.

Ces propositions ont été accueillies jusqu'à présent avec froideur par Séoul qui demande à son voisin du Nord de prouver sa bonne volonté par des gestes concrets.

La Corée du Nord a également exprimé sa volonté de retourner sous conditions à la table des négociations à Six, réunissant outre les deux Corées le Japon, la Chine, les États-Unis et la Russie, qu'elle avait quittée en avril 2009 avant de procéder à un deuxième essai nucléaire.

Les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud ont répondu que Pyongyang devait raccommoder ses relations avec Séoul et montrer son sérieux à propos d'une dénucléarisation, avant que ces discussions ne reprennent.

M. Gates a souligné que les Sud-Coréens étaient devenus moins tolérants vis-à-vis des provocations de Pyongyang, depuis le bombardement de l'île de Yeonpyeong et le torpillage d'un bâtiment de guerre sud-coréen qui a fait 46 morts en mars.

Interrogé jeudi sur l'attitude de Washington dans le cas où la Corée du Sud utiliserait ses avions de chasse ou d'autres moyens de défense pour répondre à une attaque du Nord, M. Gates a répondu que tout pays avait le droit de se défendre.

Mais il a ajouté que les efforts diplomatiques des Etats-Unis visaient à prévenir une nouvelle provocation de Pyongyang.

«Je pense que la clé dans la péninsule coréenne, comme je l'ai dit en Chine et ici au Japon, c'est d'empêcher une autre provocation de se produire», a-t-il dit. «Ceci demande que le Nord cesse son comportement belliqueux et ses provocations qui ont tué des innocents civils et militaires en Corée (du Sud).»

A propos des relations nippo-américaines, MM. Gates et Kitazawa ont évoqué sur un ton optimiste le sujet sensible du déménagement d'une base militaire américaine sur l'île d'Okinawa (sud du Japon).

Le chef du Pentagone a dit que les États-Unis espéraient avancer sur cette question «tout en réduisant l'impact sur les communautés vivant à proximité» de la base.

Les deux alliés sont parvenus à un accord en mai 2010 qui prévoit le déménagement de la base de Futenma, actuellement située en pleine ville, vers une baie protégée de l'île. Mais la population locale s'y oppose et réclame le départ pur et simple de la base d'Okinawa.