Le pape François a prôné mercredi le respect de toutes les religions dans une rencontre «oecuménique» au Vatican tout en profitant de l'occasion pour tendre encore la main aux non-croyants.        

«L'Église catholique est consciente de l'importance du respect des diverses traditions religieuses», a lancé le pape François aux représentants des autres églises chrétiennes et de différentes communautés religieuses, venues pour l'inauguration de son pontificat la veille.

«Je désire assurer de ma ferme volonté de poursuivre le dialogue oecuménique», a indiqué le pape, dans la magnifique salle Clémentine au Vatican.

Le pape est arrivé avec retard, après une audience avec la présidente brésilienne Dilma Rousseff qui lui a confirmé son invitation aux Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ) fin juillet à Rio et deux audiences avec le patriarche oecuménique de Constantinople Bartholomée Ier et le métropolite Hilarion du patriarcat de Moscou.

Dans son discours devant de nombreux popes orthodoxes en tenue noire, mais aussi des protestants européens, il a insisté sur l'«unité entre tous ceux qui croient dans le Christ» souhaitant une «loyale collaboration» entre les confessions chrétiennes.

Le pape argentin n'a toutefois pas évoqué la concurrence effrénée que font les églises évangéliques ou pentecôtistes à l'Église catholique en particulier en Amérique latine, son continent natal.

Des représentants des communautés juives, musulmanes, bouddhistes, jaïns et sikhs assistaient aussi à cette rencontre avec le nouveau pape, élu il y a exactement une semaine à la surprise générale.

Le pape a dit voir dans leur présence «la volonté de coopérer pour le bien de l'humanité» et a appelé à une «coexistence pacifique entre les religions».

L'ex-archevêque de Buenos Aires Jorge Bergoglio a adressé un salut particulièrement chaleureux à l'importante délégation de 16 dignitaires juifs, communauté unie avec les chrétiens par «un lien spirituel particulier».

Il a aussi insisté sur la présence au Vatican de dignitaires «musulmans qui adorent un Dieu unique, vivant et miséricordieux», comme les chrétiens.

Le nouveau pontife, premier de l'Histoire venu de l'ordre des Jésuites connus pour leur vocation missionnaire, a estimé que toutes les religions «peuvent faire davantage pour les plus pauvres, les plus faibles».

Pour le vaticaniste de l'hebdomadaire L'Espresso, le discours du pape était «dans la lignée de son prédécesseur» Benoît XVI, ardent défenseur du dialogue interreligieux et de l'oecuménisme. «Je n'ai noté aucun élément nouveau, même pas concernant sa proximité avec le peuple juif, sur laquelle le pape allemand avait été très incisif», a expliqué Sandro Magister.

La principale nouveauté résidait, selon l'expert, dans son «attention aux personnes étrangères aux religions» dans lesquelles il perçoit «une recherche de l'absolu et donc de Dieu».

Les religions aident à «tenir vivante la soif d'absolu», selon le pape, qui a exhorté à «ne pas laisser prévaloir une seule dimension où l'homme se réduirait à ce qu'il consomme et produit».

«Nous sommes proches de tous les hommes et femmes qui, même s'ils ne se reconnaissent dans aucune tradition religieuse, sont à la recherche de la vérité, de la bonté et de la beauté», a-t-il martelé.

Samedi, le pape François avait déjà fait un geste en direction des athées et agnostiques en accordant une «bénédiction silencieuse» sans signe de croix, par «respect pour la conscience de chacun», estimant que tous les participants étaient «fils de Dieu».

Par ailleurs, concernant le cheminement vers une réunification du christianisme, le vaticaniste a regretté que le pape «n'ait pas tellement valorisé la présence de Bartholomée Ier», premier patriarche de Constantinople à venir à une intronisation papale depuis le schisme entre Orient et Occident en 1054.

«On pouvait s'attendre à plus», a-t-il dit. Rien non plus concernant le schisme avec les protestants au XVIe siècle, a noté l'expert. «Le problème avec les Églises orientales réside justement dans la question du rôle de l'évêque de Rome, comme pasteur de l'Église universelle», a-t-il souligné.

«Les orthodoxes sont identiques dans la foi, les sacrements, l'unique différence est la position du pape, une figure qui à partir du deuxième millénaire (de l'ère chrétienne) a été chargée de significations que les autres n'acceptent pas», a-t-il ajouté.