Lorsque Benoît XVI a démissionné de son poste, le 28 février dernier, il a lancé un message clair: il ne faut pas attendre 20 jours avant d'entamer le processus pour élire le prochain pape, comme le veut la tradition, et celui-ci doit réformer l'Église. L'ensemble des cardinaux sont maintenant réunis à Rome, et les jeux de coulisses ont commencé. Logés à la Casa Santa Marta, un hôtel du Vatican, ils forment des clans, vont dîner pour discuter et définir qui parmi eux sont les favoris. Lorsqu'ils se réunissent en conclave, tout peut rapidement débouler vers l'élection du 266e pape de l'Église catholique.
1 Les cardinaux ont leur sanctuaire
Le chemin qui mène au début du conclave est parsemé de négociations, de tractations et de dîners diplomatiques entre les cardinaux. C'est à leur hôtel situé en plein coeur du Vatican, la Casa Santa Marta, que tout se passe. Ceux qui se rendent à Rome pour élire le prochain pape ont une chambre privée. Lorsque le conclave débute, l'hôtel devient un sanctuaire, coupé du reste du monde. Ils n'ont plus accès à la télévision, aux journaux, à leur cellulaire ou à l'internet. Le mot d'ordre: silence complet.
2 La chapelle Sixtine est le théâtre d'une retraite fermée
Les cardinaux qui éliront le prochain pape le feront dans un décor à couper le souffle. La chapelle Sixtine, visitée chaque année par plus de cinq millions de personnes, est bien sûr connue pour ses gigantesques fresques, réalisées notamment par le peintre italien Michel-Ange au 16e siècle. Pendant le conclave, la salle n'est plus ouverte aux visiteurs. Plus d'une centaine de cardinaux y sont entassés, en silence. Le conclave est décrit comme une retraite fermée, où le temps est consacré à la prière.
3 L'Église confrontée à ses démons et à ses problèmes
Lorsque Benoît XVI a quitté ses fonctions, il a appelé l'Église à se réformer. Au début du conclave, deux ecclésiastiques - pas nécessairement des cardinaux électeurs - livrent des discours sur les grands enjeux qui marqueront le mandat du prochain pape. En plus des présentations officielles, des prières sont également récitées tout au long du processus menant à l'élection du nouveau pape.
4 Les cardinaux décomptent eux-mêmes les votes
Neuf cardinaux sont choisis au hasard pour servir pendant le conclave. Trois sont nommés pour faire le décompte des votes, trois autres pour collecter les votes de ceux qui sont malades et sont restés à l'hôtel et trois autres pour valider le décompte final et le choix du pape. Un pape est nommé si les deux tiers des cardinaux ont voté pour la même personne.
5 Tout le monde attend la fumée blanche
Une fois le décompte terminé, les bulletins de vote sont brûlés et une fumée s'échappe de la chapelle Sixtine. Si elle est foncée, elle indique que les cardinaux n'ont pas réussi à s'entendre sur l'identité du prochain pape. Toutefois, si un pape a été élu, un produit chimique est rajouté et la fumée qui s'échappe devient blanche. C'est ainsi que le monde entier sait que l'Église catholique n'est plus sans leader.
On ne vote pas quand on veut
Les règles qui régissent le vote sont claires. Les cardinaux peuvent procéder à un vote le premier jour du conclave, puis à deux votes par jour les journées subséquentes. Un le matin et un le soir. Lors des deux derniers conclaves, les papes ont été élus rapidement. Benoît XVI fut choisi en moins de 24h en 2005. Les cardinaux avaient mis deux jours pour élire Jean-Paul II en 1978.
Des agents de sécurité cherchent des enregistreurs indésirables
Rien ne doit filtrer de la chapelle Sixtine vers le monde extérieur, où des centaines de journalistes du monde entier voudraient bien connaître les discussions et les négociations que se livrent les cardinaux. Le Vatican engage des professionnels qui viennent fouiller tous les recoins des lieux de rencontre, à la recherche d'enregistreurs non désirés. Sur place, deux médecins sont présents pour soutenir les cardinaux dont la santé est plus fragile. Ces professionnels triés sur le volet sont tenus, comme les cardinaux, au secret.
Plusieurs modèles de soutanes blanches sont en attente
Le pape Innocent V, nommé en 1276, était un prêtre dominicain. Lors de sa nomination, il a décidé de garder ses vieux habits: des vêtements blancs. Quelques centaines d'années plus tard, un deuxième dominicain, Pie V, était nommé pape. Il a aussi choisi de conserver ses tenues blanches. Depuis, c'est la norme: le pape porte un habit blanc. Des soutanes de toutes les grandeurs sont déjà prêtes, rangées dans une salle adjacente à la chapelle Sixtine, afin d'habiller le nouveau pape une fois celui-ci élu.
Les conclaves peuvent être interminables
La durée des conclaves n'a pas toujours été la même depuis que les cardinaux élisent le prochain pape. En 1268, il aura fallu deux ans et neuf mois avant qu'un pape soit désigné. Les cardinaux, qui ont obtenu l'exclusivité pour désigner le prochain souverain pontife en 1179, n'arrivaient pas à s'entendre. Pour mettre fin à l'impasse, le roi de France est même intervenu, avec d'autres monarques.
Être pape: voie rapide vers la sainteté
Devenir pape est-il une voie rapide vers la sainteté ? Chose certaine, des 265 derniers papes, environ le tiers sont aujourd'hui saints. La majorité ont oeuvré dans les premières années de l'Église, alors qu'ils étaient considérés comme des martyrs, à l'époque où les catholiques romains étaient ostracisés. Être un martyr est la voie rapide qui mène à la canonisation.