Jamais Marc Ouellet ne s'était imaginé faire partie des candidats les mieux placés pour devenir pape. Malgré les prédictions des observateurs, le cardinal québécois n'est pas si certain d'être élu au prochain conclave. «Je crois qu'il y a un certain nombre de personnes qui ont plus de chances que moi d'être élu», a-t-il dit lundi soir dans une entrevue à Radio-Canada.

Marc Ouellet n'a pas été surpris par la démission de Benoît XVI, puisque ce dernier avait évoqué son désir de se retirer à cause de la fatigue. Il a tout de même qualifié le geste de «révolutionnaire». «Le pape Benoît XVI, on a dit qu'il insistait sur la tradition, sur la continuité, qu'il était conservateur. Il vient de poser un geste qui est parmi les plus révolutionnaires depuis sept siècles. Si vous croyez que l'Église n'est pas dans la modernité, il y a un pas extraordinaire qui a été fait.»

Peu importe l'identité du prochain pape, le cardinal Ouellet est d'avis qu'il ne faut pas s'attendre à des changements révolutionnaires. Il a cependant démontré un peu plus d'ouverture concernant les couples divorcés qui désirent se remarier.

Douze cardinaux attendus

Lundi, les cardinaux des quatre coins du monde ont participé à une première congrégation afin de déterminer la marche à suivre pour la succession de Benoît XVI. La date tant attendue de l'entrée en conclave n'a cependant pas été fixée lors de cette rencontre. Les 115 cardinaux électeurs doivent être présents au Vatican pour choisir la date. Lundi matin, 12 d'entre eux étaient absents.

Dans le cadre de la congrégation, 13 cardinaux ont pris la parole. «Certains veulent aller vite, d'autres veulent prendre leur temps», a dit le père Federico Lombardi lors d'un point de presse.

Les cardinaux ont profité de cette occasion pour exprimer «leur affection et leur gratitude» à Benoît XVI, qui a officiellement pris sa retraite jeudi soir dernier. Ils ont également lu, tous ensemble, un serment qui les engage à ne pas dévoiler le contenu de leur rencontre. L'un après l'autre, ils ont ensuite juré de tenir le secret en posant la main sur l'Évangile ouvert.

«Ce serment se réfère à l'élection et à tout ce qui va avec. Mais les cardinaux peuvent parler aux journalistes des questions de l'Église, de la situation en Afrique à la nouvelle évangélisation», a précisé le père Lombardi.

Pendant que tous les yeux étaient tournés vers Rome, un Italien a réussi à marquer cette journée solennelle d'un petit coup d'éclat en se faisant passer pour un cardinal. C'est finalement sa soutane trop courte et son étrange chapeau mou qui auront contribué à le démasquer.

Avec l'AFP, l'Associated Press et La Presse Canadienne