Journée historique jeudi au Vatican: pour la première fois depuis des siècles, un pape, en l'occurrence Benoît XVI, va quitter de son vivant et de sa propre volonté le trône de Saint Pierre.

Benoît XVI laisse à son successeur une Église catholique et ses «eaux agitées» dans un monde en pleine mutation marqué par la sécularisation et de profondes mutations de société.

C'est en fin d'après-midi que prendra effet cette démission, que le pape allemand, qui ne se sentait plus à même d'assumer le poids de sa charge, avait annoncée le 11 février à la surprise générale.

Une dernière journée pleine de symboles pour cet homme de 85 ans, qui a présidé mercredi devant une foule émue sa dernière audience générale place Saint-Pierre.

En fin de matinée, les cardinaux de la curie, qui participeront à l'élection de son successeur, adresseront à portes closes un dernier salut au pape démissionnaire.

En fin d'après-midi, à 16H00 GMT, le pape quittera le Vatican à bord d'un hélicoptère pour se rendre à Castel Gandolfo, la résidence d'été des papes à une trentaine de km de Rome.

Benoît XVI devrait arriver une vingtaine de minutes plus tard à Castel Gandolfo, cette villa de 55 hectares aux somptueux jardins posée au bord du lac d'Albano.

Une fois installé dans ses appartements, il saluera brièvement la foule depuis le balcon de la villa, qui donne sur la petite place de Castel Gandolfo, inscrit au classement des plus beaux villages d'Italie. Il s'agira de la dernière apparition publique de Benoît XVI en tant que pape.

À 19H00 GMT prendra effet officiellement la démission du pape. Seule manifestation concrète de cette fin de règne: les gardes suisses montant la garde devant le porche de Castel Gandolfo lèveront le camp.

L'ex-pape prendra alors comme titre officiel «Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite».

La prise d'effet de sa démission ouvrira la fameuse période du «siège vacant», et c'est le cardinal camerlingue qui assurera officiellement l'interrègne. Cette lourde tâche incombera au fidèle secrétaire d'État de Joseph Ratzinger, le cardinal Tarcisio Bertone.

Le pape émérite devrait quant à lui rester environ deux mois à Castel Gandolfo, donc loin du brouhaha médiatique qui entourera sans aucun doute le conclave chargé d'élire son successeur à partir de la mi-mars.

Lorsqu'il rentrera de Castel Gandolfo fin avril, Joseph Ratzinger s'installera dans un ex-monastère niché dans les jardins du Vatican, où il croisera sans doute son successeur et voisin.

De lourds défis attendront le successeur de Benoît XVI: entre contestation interne et persécution des chrétiens dans le monde, enjeux éthiques et abus de toutes sortes qui affligent une Église de 1,2 milliard de fidèles.