L'annonce de l'abdication de Benoît XVI a provoqué la stupeur dans le monde entier, en plus de rompre avec une tradition vieille de 600 ans voulant que les papes soient en poste pour la vie. Une décision jugée «humble» par ses admirateurs qui se faisaient rares devant le Vatican, épicentre de la secousse.

Courage et humilité: voilà deux nouvelles qualités que des pèlerins rencontrés sur la place Saint-Pierre attribuent à Benoît XVI depuis sa démission-surprise, hier. Figure énigmatique pour beaucoup de catholiques, le Saint-Père a révélé un nouvel aspect de sa personnalité avec cette décision extraordinaire.

«Je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l'avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien», a déclaré simplement l'homme de 85 ans, hier matin, au Vatican.

Ses capacités physiques et intellectuelles, a-t-il ajouté, ne lui permettaient plus de gouverner l'Église catholique «dans le monde d'aujourd'hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi».

Il quittera le Vatican le 28 février pour se retirer dans la prière, a confirmé son directeur des communications Federico Lombardi, qui a nié le fait que le chef de l'Église catholique souffrirait d'une maladie grave.

«Nous aurons un nouveau pape d'ici la fin du mois de mars», soit avant Pâques, a-t-il assuré en conférence de presse.

La retraite de Benoît XVI a été accueillie avec tristesse et stupéfaction par les dirigeants du monde entier, à commencer par Barack Obama, qui se souvient «chaleureusement» de leur première rencontre en 2009.

Calme sur la place Saint-Pierre

À l'inverse, il n'y avait pas d'effusion de larmes sur l'esplanade devant le Vatican, quelques heures après l'annonce. Tout au plus quelques dizaines de fidèles s'étaient déplacés pour démontrer leur affection.

«C'est bizarre que les gens ne viennent pas se recueillir», a observé Linda Chamut, enseignante française en visite scolaire.

Peut-être parce que son départ n'est pas immédiat, a indiqué Fabrizio Battistelli, professeur de sociologie à l'UniversitéLa Sapienza. «Ce n'est pas comme s'il était mort. Mais c'est peut-être la rançon de son style de pontificat, très différent de celui de Jean-Paul II.»

Les pèlerins rencontrés admiraient le fait que Benoît XVI, qui s'est joint à Twitter en décembre, renonce à sa position d'autorité. Le dernier pape qui a démissionné est Grégoire XII, en 1415. «Je croyais qu'il serait au Vatican jusqu'à sa mort. C'est une décision courageuse», a dit Carla Milan, 51 ans.

«Il communiquait admirablement bien l'Évangile. C'est un jour triste», a affirmé de son côté Stefano Carloni, 60 ans.

John Thavis, vaticaniste américain et auteur de l'essai à paraître Vatican Diaries, ne partageait pas l'étonnement général. «D'abord, il avait l'air de plus en plus faible, a-t-il expliqué à La Presse. Puis, il avait terminé tous ses grands projets.»

L'expert soutient qu'il aura beaucoup d'influence sur le choix de son successeur. Le cardinal Ouellet, 68 ans, est un des favoris.

«Le conclave choisira un candidat dans la même lignée. Il optera pour une valeur sûre», prévoit Thavis, qui avait prédit le coup de théâtre.