«Surpris par les critiques», Edward Snowden a justifié vendredi son intervention inattendue la veille lors de l'émission annuelle de questions-réponses du président russe Vladimir Poutine par la volonté d'obtenir une réponse officielle sur les systèmes de surveillance en Russie.

«J'ai interrogé le président russe en direct à la télévision pour obtenir une réponse officielle, pas pour le dédouaner», a écrit l'ex-consultant de l'Agence américaine de sécurité (NSA) dans un article pour le Guardian.

Snowden a ainsi voulu répondre aux critiques lui reprochant d'être devenu une marionnette du Kremlin et de faire la propagande du président de la Russie, pays où il est réfugié depuis l'été 2013.

«Je m'attendais à ce que certains allaient remettre en cause ma participation à un rendez-vous annuel qui est largement compromis par des questions inoffensives posées à un leader qui n'a pas l'habitude d'être défié. Mais pour moi, cette occasion rare de lever un tabou concernant le débat sur la surveillance d'État devant un public majoritairement habitué aux médias d'État contre-balance le risque», a écrit l'Américain.

À l'origine de multiples révélations sur le système de surveillance des États-Unis, inculpé d'espionnage par Washington, Snowden a interpellé Vladimir Poutin via un lien vidéo jeudi pour lui demander si «la Russie intercepte, stocke ou analyse d'une quelconque façon les communications de millions d'individus».

«Nous avons un règlement juridique strict concernant l'utilisation par les services spéciaux de ces moyens, notamment des écoutes téléphoniques et de la surveillance sur internet. C'est pour cela qu'(une surveillance) aussi massive et aveugle ne peut pas exister» en Russie, a répondu le président.

La question de Snowden a été jugée trop complaisante par certains. L'ancien avocat général de la NSA, Stewart Baker, l'a par exemple qualifiée d'«inoffensive, servie sur commande et arrangée au préalable» sur un blogue hébergé par le Washington Post.

«J'ai été surpris de voir que des gens, qui m'ont vu risquer ma vie pour dévoiler les pratiques de surveillance de mon propre pays, ne veulent pas croire que je puisse aussi critiquer la politique de surveillance de la Russie, un pays auquel je n'ai prêté aucune allégeance», a répliqué Snowden, ajoutant que, avant de demander des comptes, il fallait d'abord confronter les dirigeants sur ces dossiers-là.