L'agence américaine de renseignement NSA, montrée du doigt pour avoir espionné le portable de la chancelière Angela Merkel, écoute encore 320 responsables politiques et économiques allemands, dont le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière, affirme le quotidien Bild dimanche.

«Nous avons pour ordre d'éviter toute déperdition d'informations depuis que nous n'avons plus le droit d'espionner directement les communications de la chancelière», affirme un «employé de haut rang des services secrets américains», cité dans le Bild am Sonntag.

Selon les informations de l'édition dominicale du journal le plus lu d'Allemagne, 297 employés de la NSA sont stationnés en Allemagne pour espionner 320 personnes, «principalement des décideurs politiques, mais aussi économiques».

Parmi eux, le ministre de l'Intérieur, et proche de la chancelière, Thomas de Maizière. «Nous voulions nous assurer que c'est un allié fiable», a commenté le responsable américain auprès de Bild à son sujet.

La NSA est au coeur d'un vaste scandale d'espionnage depuis l'été 2013, les révélations de son ancien collaborateur Edward Snowden ayant mis en lumière des pratiques d'espionnage à grande échelle, notamment de dirigeants étrangers dont la chancelière allemande. Ces révélations ont suscité un tollé en Allemagne et ont profondément affecté la relation entre les deux pays, traditionnellement très forte.

Le respect de la vie privée est un sujet extrêmement sensible en Allemagne, pays dont l'histoire a été marquée par deux dictatures, le nazisme puis le communisme en RDA, qui avaient fait de sa violation systématique un outil de leur pouvoir.

Dans un récent entretien accordé à la télévision allemande, le président Barack Obama avait assuré Mme Merkel qu'elle n'était plus surveillée, et ne le serait plus «tant qu'il serait président», mais avait averti que, de manière générale, la NSA poursuivrait ses activités de surveillance à l'étranger.

Dans un entretien à l'hebdomadaire Der Spiegel paru dimanche, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, dit «(partir) du principe que les États-Unis ne continuent pas leurs pratiques» de surveillance. Il espère qu'ils «auront compris que (l'espionnage de leurs partenaires) pouvait avoir un prix politique».

Selon lui, cette affaire a provoqué une «déchirure profonde» entre les États-Unis et l'Europe.