Le premier ministre Stephen Harper s'est dit «très préoccupé», mardi, par les informations selon lesquelles l'agence d'espionnage électronique du Canada a fait de l'espionnage industriel au Brésil.

La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, a accusé le Centre de la sécurité des télécommunications du Canada (CSTC) d'avoir mis en place une opération sophistiquée d'espionnage contre le ministère brésilien des Mines et de l'Énergie.

M. Harper a affirmé que des responsables canadiens ont communiqué de manière «très proactive» avec leurs homologues au Brésil. En conférence de presse après la conclusion du sommet des pays de l'Organisation de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Bali, en Indonésie, M. Harper a affirmé mardi qu'il était «bien évidemment très préoccupé» par certaines des informations qui circulent.

Les allégations émanent de documents coulés aux médias brésiliens par Edward Snowden, un ancien sous-traitant de l'Agence de sécurité nationale aux États-Unis (NSA) - une organisation similaire au CSTC. Le Canada se plaint depuis longtemps d'espionnage industriel et commercial allégué par des pays tels que la Chine, ce qui ajoute à l'embarras concernant ces révélations.

Le cabinet du premier ministre Harper avait d'abord rejeté du revers de la main les informations sur l'espionnage au Brésil, en disant ne pas commenter les questions de sécurité nationale. Néanmoins, les allégations concernent spécifiquement l'espionnage économique et ne pouvaient être écartées aussi facilement.

Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Luiz Alberto Figueiredo, a exhorté l'ambassadeur canadien à Brasilia, lundi, de «transmettre l'indignation du gouvernement brésilien et de réclamer des explications» à Ottawa, indique un communiqué du ministère.

Le communiqué mentionne que le ministre Figueiredo a exprimé la condamnation par son gouvernement d'une violation «sérieuse et inacceptable» de la souveraineté nationale et des droits des citoyens et des entreprises.

Le CSTC, établi à Ottawa, surveille les communications étrangères par réseaux informatiques, par satellites, par ondes radio et par téléphone, en fonction des intérêts de renseignement du Canada. Mais l'agence n'a jamais été soupçonnée de recueillir des renseignements de nature économique.

M. Harper a indiqué qu'il ferait les vérifications nécessaires afin de déterminer si l'agence a agi dans le respect des lois.

«Il y a un commissaire du CSTC, a souligné le premier ministre. Ce commissaire effectue une surveillance et des audits pour s'assurer que les activités de l'agence respectent les lois canadiennes. Je le répète: nous sommes préoccupés et nous effectuerons le suivi approprié.»

Ces allégations importantes font craindre un conflit diplomatique majeur entre le Brésil, une puissance économique émergente en Amérique du Sud, et le Canada, qui souhaite accroître ses relations commerciales dans la région.