Les agences de renseignement américaine et britannique sont capables de décoder les systèmes de cryptage sur internet censés sécuriser les courriels comme les transactions bancaires en ligne, ont révélé jeudi des médias, s'appuyant sur des documents fournis par Edward Snowden.

La NSA américaine et son homologue britannique, le GCHQ, ont réussi à obtenir les «clés» des différents systèmes de cryptage grâce à leurs supercalculateurs et à la coopération des sociétés internet, parfois obtenue à la faveur d'injonctions judiciaires, affirment le New York Times, le Guardian et ProPublica.

D'après ces documents fournis par l'ancien consultant de la NSA, ce programme secret nommé Bullrun permet de décrypter à peu près tout ce qui est codé sur internet, qu'il s'agisse des discussions en ligne, conversations téléphoniques, secrets commerciaux ou encore dossiers médicaux.

«Casser les codes» est la mission première de la NSA, l'agence de renseignement chargée des interceptions électroniques créée en 1952.

Le New York Times et ProPublica rapportent que des responsables américains du renseignement leur ont demandé de ne pas publier ces informations, craignant que leurs révélations ne conduisent des entités ciblées par ce programme à changer de méthodes de cryptage ou de mode de communication.

«Les médias n'ont pas mentionné certains aspects, mais ont décidé de publier l'article en raison de l'importance d'un débat public sur les actions du gouvernement qui affaiblissent les outils les plus puissants censés protéger la vie privée des Américains et d'autres», affirme le New York Times.

Si cette capacité à déchiffrer des communications sécurisées peut aider à prévenir des attentats, elle risque également d'avoir des «conséquences non prévues en affaiblissant la sécurité des communications», note également le quotidien.

«Le risque quand vous créez une porte d'accès dérobée dans des systèmes est que vous ne soyez pas le seul à l'exploiter», explique Matthew Green, un chercheur en cryptographie cité par le Times.

Sollicitée par l'AFP, la direction nationale du renseignement (ODNI) américain n'a pas réagi dans l'immédiat.