Les Américains sont redevables à l'ancien consultant de l'Agence de sécurité nationale (NSA) américaine Edward Snowden, car il a amené le président Barack Obama à promettre une révision du système de surveillance des communications par le renseignement américain, a estimé le fondateur de WikiLeaks Julian Assange.

Vendredi lors d'une conférence de presse, le président Obama a promis des réformes dans la surveillance des communications au nom de la «transparence» et de la «confiance», mais a démenti tout abus, après la polémique déclenchée par les révélations d'Edward Snowden.

Dans un commentaire publié sur son site australien, M. Assange a estimé samedi qu'il s'agissait d'une «victoire pour Edward Snowden et ses nombreux partisans».

Selon lui, le président américain a «validé le rôle d'Edward Snowden en tant que lanceur d'alerte» en promettant des réformes.

Snowden redoutait surtout d'avoir tiré la sonnette d'alarme sans que des changements n'interviennent, comme il l'a dit lui-même, a relevé M. Assange.

«Des réformes se dessinent, et pour cela, le président et le peuple américains ainsi que la population mondiale sont redevables à Edward Snowden», a ajouté M. Assange, qui a lui-même rendu publics des documents diplomatiques confidentiels.

Promettant une «nouvelle ère» dans le renseignement avec «davantage de supervision, davantage de transparence et de garde-fous», M. Obama a dit comprendre «les inquiétudes de ceux qui craignent qu'il puisse y avoir des abus», mais il a assuré que les États-Unis ne souhaitaient pas espionner «les citoyens ordinaires».

M. Snowden, qui a fourni à la presse des documents sur le programme de surveillance des communications téléphoniques et électroniques élaboré par la NSA, s'est réfugié en Russie.

M. Assange, critiquant l'attitude des autorités américaines vis-à-vis des «lanceurs d'alarme», a affirmé que sans les révélations de M. Snowden sur le programme «Prism» de surveillance des communications, personne n'en aurait rien su et aucune réforme n'aurait été envisagée.

Le père de Snowden a obtenu un visa pour la Russie

Par ailleurs, le père d'Edward Snowden a annoncé dimanche avoir obtenu un visa pour rendre «très prochainement» visite à son fils, réfugié en Russie.

«Nous avons des visas (pour la Russie, NDLR), nous avons une date que nous n'allons pas dévoiler à cause de toute cette frénésie», a annoncé l'avocat de la famille Snowden, Bruce Fein, aux côtés de Lon Snowden interrogé sur la chaîne américaine ABC.

«Nous avons l'intention de voir Edward très prochainement et de lui trouver des avocats spécialistes des accusations d'espionnage», a ajouté l'avocat.

L'ancien consultant de l'Agence nationale de la sécurité (NSA) a obtenu début août un visa d'un an en Russie, après avoir passé plus d'un mois dans la zone de transit de l'aéroport Moscou-Cheremetievo.

«Nous avons parlé avec son avocat russe qui nous a dit qu'Edward Snowden était en sécurité», a déclaré Lon Snowden précisant n'avoir eu aucun contact direct avec son fils. «Il est épuisé, naturellement. Il a besoin d'un temps pour récupérer et réfléchir à l'étape suivante».

Me Koutcherena, l'avocat russe d'Edward Snowden, a précisé la semaine dernière que le fugitif s'était enregistré comme le veut la législation russe à l'endroit où il vit «sur le territoire de la Fédération de Russie», sans plus de précision.

«En tant que père, j'aimerais qu'il revienne à la maison à la condition qu'il ait droit, en tant qu'Américain, à l'application juste de la justice», a-t-il encore dit. «Si vous regardez les déclarations des responsables au Congrès, elles sont irresponsables et en totale contradiction avec notre système judiciaire», a-t-il ajouté, estimant que la présomption d'innocence n'était pas respectée.

«Ce que je veux, est un débat ouvert devant un tribunal pour que les Américains connaissent tous les faits», a-t-il ajouté. «Ce que j'ai vu jusqu'ici, c'est du théâtre politique», a-t-il déclaré se disant «déçu» par la conférence de presse de Barack Obama lors de laquelle le président américain a estimé qu'Edward Snowden n'était «pas un patriote».

«Mon fils a dit la vérité et il a sacrifié bien plus que ce que le président des États-Unis n'a jamais fait au cours de sa carrière ou de sa vie d'Américain», a-t-il encore déclaré.