Les pays membres du Mercosur ont réitéré lundi au secrétaire général de l'ONU leur «indignation» devant les pratiques d'espionnage des États-Unis révélées par Edward Snowden, sans réclamer toutefois des mesures précises.

Lors d'une rencontre avec Ban Ki-moon, les ministres des Affaires étrangères du Venezuela, de l'Uruguay, du Brésil et de l'Argentine lui ont transmis la déclaration finale du récent sommet du Mercosur condamnant ces pratiques.

«Nous sommes mandatés par nos chefs d'État pour exprimer notre grave préoccupation devant les allégations d'espionnage qui proviennent des révélations faites par Edward Snowden», a expliqué ensuite à la presse le ministre brésilien Antonio de Aguiar Patriota.

«Il s'agit de tirer la sonnette d'alarme sur des pratiques qui suscitent de graves inquiétudes dans le monde pour la souveraineté des États, la confiance nécessaire dans les relations entre les États et les droits des individus, dont le droit à la protection de la vie privée et à l'information», a-t-il souligné.

Son homologue vénézuélien Elias Jaua Milano, dont le pays préside actuellement le Mercosur, a parlé «de préoccupation et d'indignation» et a affirmé que l'espionnage incriminé «violait tous les principes internationaux et des droits de l'homme».

Les deux ministres ont affirmé que M. Ban «partageait ces inquiétudes». Interrogé à ce propos, le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky n'était pas en mesure de commenter dans l'immédiat.

Interrogé sur les éventuelles mesures concrètes que le Mercosur demande à l'ONU de prendre, le ministre brésilien a répété qu'il s'agissait pour l'instant de «lancer un avertissement» et que les pays du Mercosur allaient «se coordonner pour envisager diverses initiatives», sans autres précisions.

Les ministres ont aussi rappelé à M. Ban l'incident «sans précédent» au cours duquel l'avion du président bolivien Evo Morales avait été empêché de survoler plusieurs pays européens.

Toujours selon M. Patriota, parmi les autres sujets abordés avec M. Ban figurent l'embargo international visant «Cuba, pays frère», et le soutien des pays latino-américains à la revendication de souveraineté de l'Argentine sur les Malouines.

À l'occasion de son sommet semestriel à Montevideo en juillet, le Mercosur avait demandé que les opérations d'espionnage «cessent immédiatement» et réclamé «des explications sur leur motivation et leurs conséquences».

Les quatre ministres --dont l'Argentin Hector Timerman et l'Uruguyen Luis Almagro-- participeront mardi à New York à un débat au Conseil de sécurité, dont l'Argentine assume la présidence en août. Le thème de ce débat général est la coopération entre l'ONU et les instances régionales.