Le père d'Edward Snowden a conseillé mercredi à son fils de rester en Russie, où le fugitif américain, bloqué dans un aéroport de Moscou, a demandé un asile temporaire, lors d'un duplex organisé par la télévision publique russe.

«Ed, tout va bien chez nous, nous t'aimons et j'espère que nous allons nous voir bientôt. Mais avant tout, je veux que tu sois en sécurité», a déclaré Lon Snowden dans une interview à la télévision Rossia 24, que son fils était censé regarder.

Il a estimé que la Russie avait «la possibilité de protéger» Edward Snowden, l'ancien consultant du renseignement américain, qui est à l'origine de révélations sur le programme de surveillance des communications à l'étranger par le gouvernement américain.

«Si j'étais à sa place, je serais reconnaissant des propositions du Venezuela, de l'Équateur et de la Bolivie, mais nous voyons ce qui s'est passé récemment avec l'avion du président (bolivien) Evo Morales», a poursuivi le père.

Soupçonné à tort d'avoir emmené M. Snowden dans son avion en provenance de Moscou, le président bolivien Evo Morales a dû faire début juillet une escale forcée de treize heures à Vienne après le refus de survol de leur territoire par plusieurs pays européens.

«Je pense que la Russie a la ferme intention et la possibilité de protéger mon fils. Si j'étais à sa place, je resterais en Russie», a-t-il conclu.

Lon Snowden devrait se rendre bientôt en Russie, a indiqué mercredi Anatoli Koutcherena, l'avocat russe d'Edward Snowden.

«J'ai appelé aujourd'hui (mercredi) Edward Snowden et on s'est mis d'accord pour que que je fasse une invitation à son père pour qu'il vienne en Russie. J'espère que l'obtention du visa ne prendra pas beaucoup de temps», a déclaré Me Koutcherena, cité par les agences russes.

Edward Snowden est bloqué depuis le 23 juin dans la zone de transit de l'aéroport de Moscou-Cheremetievo et a demandé un asile provisoire à la Russie. Washington réclame son extradition vers les États-Unis, où il a été inculpé d'espionnage.

Le conseiller du Kremlin chargé des droits de l'homme Mikhaïl Fedotov a estimé mardi soir que la position de la Russie était «peu enviable» dans l'affaire Snowden.

«Nous ne pouvons pas extrader quelqu'un qui a demandé la protection de notre État. Mais d'autre part, nous ne voulons pas ruiner nos relations avec les États unis, un partenaire dans plusieurs dossiers internationaux», a-t-il souligné.

«La Russie est la victime dans la saga Snowden. Cela ne représente pour nous aucun intérêt», a souligné le conseiller.

Konstantin Romodanovski, chef du service des migrations russe auquel M. Snowden a adressé sa demande d'asile, a déclaré mardi qu'il n'avait rien de nouveau à annoncer à ce sujet.

Dans l'attente, le fugitif a lu le roman de Dostoïevski Crime et châtiment et a demandé l'oeuvre complète en 18 volumes de l'historien russe du 19e siècle Nikolaï Karamzine, a précisé mercredi l'avocat Koutcherena.