Edward Snowden n'a pas «encore officiellement accepté» l'offre d'asile politique du président du Venezuela, a affirmé mardi soir WikiLeaks, qui a ainsi contredit les propos tenus auparavant par un parlementaire russe, ajoutant à la confusion sur le sort de cet ex-consultant du renseignement américain.

De son côté, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères a confirmé mardi soir que «jusqu'ici, (Snowden) n'avait pas confirmé son intention de demander asile au Venezuela», en réponse à l'offre faite par Caracas de l'accueillir.

«Edward Snowden n'a pas encore officiellement accepté l'asile au Venezuela», a assuré WiliLeaks sur Twitter, rappelant que le président de la Commission des Affaires étrangères de la chambre basse (Douma) du Parlement russe Alexeï Pouchkov avait «supprimé son tweet» dans lequel il avait auparavant écrit que «Comme on pouvait s'y attendre, Snowden a accepté la proposition d'asile politique de (Nicolas) Maduro», le chef de l'Etat vénézuélien.

Le message de M. Pouchkov était resté environ une demi-heure sur le compte de ce responsable parlementaire proche du pouvoir, avant d'être retiré.

«Les Etats concernés feront une annonce si et quand cela sera opportun. Cette annonce sera alors confirmée par nos soins», a ajouté WikiLeaks, le site fondé par Julian Assange et qui a joué un rôle actif dans la fuite du jeune informaticien américain réfugié depuis 17 jours dans la zone de transit de l'aéroport de Moscou-Cheremetievo.

Interrogé par l'AFP sur la signification du message de M. Pouchkov, et un éventuel départ vers le Venezuela d'Edward Snowden, le porte-parole du président russe Vladimir Poutine, Dmitri Peskov s'est refusé à tout commentaire.

Dans un autre tweet publié ensuite, M. Pouchkov a affirmé n'avoir fait que reprendre une information de la chaîne de télévision publique d'informations Vesti 24.

«Le Venezuela a finalement reçu une réponse de l'ex-agent de la CIA», indiquait mardi soir cette chaîne russe sur son site internet, rappelant que ce pays d'Amérique latine avait reçu une demande officielle d'asile politique.

Recherché pour espionnage par les États-Unis après avoir donné des informations fracassantes sur un programme américain secret de surveillance des communications mondiales, Edward Snowden «devra décider quand il prendra un avion, s'il veut finalement venir ici», avait déclaré lundi le président vénézuélien.

Outre le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua ont proposé ces derniers jours l'asile politique à M. Snowden qui a fait plus de vingt demandes et essuyé de nombreux refus.

«Nous ne répondrons pas à la demande d'asile, il ne lui sera pas octroyé», a ainsi déclaré mardi le ministre brésilien des Affaires étrangères, Antonio Patriota.

De son côté, le président cubain, Raul Castro, avait soutenu dimanche le droit du Venezuela, de la Bolivie et du Nicaragua d'offrir l'asile politique à ceux qui sont «persécutés pour leur idéal ou en raison de leur lutte pour les droits démocratiques».

Ce soutien est important, notamment en l'absence de vol commercial direct à partir de Moscou vers l'un de ces trois pays latino-américains, ce qui l'obligerait théoriquement à faire escale à La Havane.

Contactée par l'AFP, la porte-parole de la compagnie aérienne russe Aeroflot, Irina Danenberg, a dit ne pas savoir si M. Snowden était dans l'avion qui a quitté Moscou mardi en direction de La Havane.

«Je n'en ai pas la moindre idée», a-t-elle dit.

M. Pouchkov avait indiqué précédemment que le Venezuela était «sans doute la dernière chance (pour M. Snowden) d'obtenir l'asile politique».

Celui-ci est resté invisible depuis son arrivée le 23 juin dans l'aéroport moscovite, en provenance de Hong Kong où il s'était rendu après avoir quitté les États-Unis.

La Russie, qui n'a pas d'accord d'extradition avec les  États-Unis, avait fait savoir qu'Edward Snowden n'avait pas officiellement franchi sa frontière, c'est-à-dire le contrôle des passeports, et qu'elle n'avait rien à lui reprocher.

De nombreuses incertitudes planent cependant sur la manière dont cet informaticien, qui a vu son passeport annulé par Washington, pourrait quitter l'aéroport de Cheremetievo pour se rendre dans un pays d'accueil sans être intercepté par les Américains.

L'avion du président bolivien Evo Morales avait été contraint de faire une escale à Vienne, à son retour de Moscou où il était en visite la semaine dernière, plusieurs pays européens l'ayant soupçonné de ramener avec lui Edward Snowden.

Cet incident a scandalisé l'Amérique latine et avant tout le président bolivien qui a déclaré samedi qu'«en signe de protestation», son pays était prêt à accorder l'asile politique à Edward Snowden.