L'ex-consultant informatique de l'agence d'espionnage des États-Unis Edward Snowden, inculpé par la justice américaine, a été la source samedi de nouvelles révélations, affirmant que les États-Unis espionnaient les réseaux mobiles chinois.

Le jeune homme à l'origine d'une série de fuites sur les programmes de surveillance américains restait introuvable, mais le journal South China Morning Post, en contact avec lui, a affirmé samedi qu'il était dans un endroit «sûr» et n'avait pas été placé en détention.

On ignore où se cache M. Snowden depuis qu'il a quitté son hôtel le 10 juin.

M. Snowden a été inculpé d'espionnage par les États-Unis, selon un document rendu public vendredi soir mais qui date du 14 juin. Washington a demandé à Hong Kong de l'arrêter.

Septième personne à être poursuivie par le gouvernement de Barack Obama pour avoir transmis des documents secrets à la presse, il risque 30 ans de prison.

Le conseiller à la sécurité nationale d'Obama, Tom Donilon, a affirmé à la radio CBS que Hong Kong était «historiquement un bon partenaire des États-Unis en matière de sécurité». «Nous nous attendons à ce que (les autorités de Hong Kong) respectent le traité» d'extradition entre les deux pays, a-t-il dit.

Les raisons pour lesquelles la police de Hong Kong n'a pas procédé à l'interpellation de M. Snowden restaient confuses samedi. Malgré l'existence du traité d'extradition, l'inculpation par la justice américaine n'est que la première étape d'une complexe procédure qui pourrait prendre des années, selon des experts.

Samedi, le chef de la police Andy Tsang a jugé «inopportun» de révéler à la presse les détails de l'affaire, ajoutant que la demande de Washington «doit être examinée par les institutions adéquates et la justice».

Au moins trois niveaux de tribunaux devront examiner l'affaire, a expliqué à l'AFP Alan Leong, un élu. «Si tous les appels sont épuisés, la procédure pourrait durer entre trois et cinq ans», selon lui.

M. Snowden pourrait en outre demander l'asile au nom de persécutions politiques, ce qui ferait jouer une clause d'exception au traité.

«Si la justice décide que cet homme ne peut pas être renvoyé, c'est fini. Il ne pourra pas être renvoyé», explique Christopher Gane, président de l'école de droit de l'Université chinoise de Hong Kong.

«Mais même si la justice décide qu'il peut être extradé, la décision de le faire dépend du chef de l'exécutif hongkongais», ajoute-t-il.

Vols de SMS

Le système judiciaire de l'ex-territoire britannique est indépendant du système chinois. Pékin garde toutefois un droit de veto sur toute affaire diplomatique ou de défense.

Conformément à ses promesses, le flot des révélations de M. Snowden n'a pas tari depuis le 5 juin, date des premiers articles fracassants du Guardian et du Washington Post sur la collecte par l'Agence nationale de sécurité (NSA) de données téléphoniques aux États-Unis et des communications d'étrangers sur internet.

Le South China Morning Post a révélé samedi que la NSA interceptait «des millions de SMS» envoyés sur les réseaux mobiles chinois.

«La NSA fait des tas de choses comme pirater des compagnies de téléphones portables chinoises pour voler tous vos SMS», a affirmé M. Snowden au journal lors d'une interview le 12 juin.

Selon lui, la NSA a aussi piraté en 2009 les serveurs de Pacnet, une entreprise basée à Hong Kong et qui gère l'un des réseaux de fibre optique les plus étendus de la région. Les attaques auraient cessé.

Quelques heures plus tard, le même quotidien publiait un article décrivant le piratage par la NSA de la prestigieuse université Tsinghua à Pékin, le plus récemment sur 63 ordinateurs et serveurs en janvier.

Le Guardian a aussi décrit un programme baptisé «Tempora», conduit par le centre britannique des écoutes (GCHQ), qui permet de recueillir des données internet et téléphoniques transmises par des câbles à fibres optiques.

Le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, lui-même reclus dans l'ambassade d'Équateur à Londres, a lancé un appel samedi pour qu'un «pays courageux» accorde l'asile à l'Américain.