L'Union européenne envisage de débloquer lundi plus de 100 millions d'euros pour aider à la reconstruction de Haïti après le séisme qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et réfléchit à l'envoi d'une mission de police sur place.

Concernant l'aide, «le montant dont il est question est à trois chiffres, à savoir plus de 100 millions d'euros», a indiqué dimanche soir à l'AFP une source diplomatique.

Le montant devrait être annoncé en principe lundi lors d'une réunion à Bruxelles consacrée à Haïti des ministres européens de l'aide au développement, présidée par la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, qui en a fait un dossier prioritaire.

«Le montant final pourrait même être supérieur à 200 millions d'euros, mais cela dépendra des derniers arbitrages», a précisé la source.

Cette enveloppe sera distincte de l'aide humanitaire d'urgence destinée aux victimes du tremblement de terre: les pays de l'UE ont déjà débloqué dans ce domaine à ce jour entre 20 et 30 millions d'euros, un montant amené encore à «croître encore considérablement», selon la source diplomatique.

L'aide à la reconstruction est, elle, destinée à des efforts de longue haleine, à court et moyen terme. L'argent sera tiré du budget de l'UE, en prélevant des sommes non dépensées et en réorientant vers Haïti des programmes d'aides européens destinés initialement à d'autres pays, a souligné la source.

Les pays européens pourraient y ajouter des contributions au niveau national.

«Le monde dans son ensemble doit se mobiliser en faveur de Haïti et de son avenir. L'une des raisons de la réunion de demain (lundi) est de commencer à poser les fondations» de la reconstruction, a déclaré dimanche Mme Ashton à la BBC, en reconnaissant que la situation logistique sur place restait «très, très difficile».

Le tremblement de terre a fait quelque 50.000 morts, 250.000 blessés et 1,5 million de sans-abri, selon un bilan encore provisoire des autorités haïtiennes.

Durant la réunion européenne de lundi, les pays de l'UE vont aussi étudier l'envoi à Haïti d'une mission de maintien de l'ordre, alors que distribution de l'aide internationale sur place reste déficiente.

«L'Union européenne prépare une mission pour contribuer à la sécurité et au maintien de l'ordre» en Haïti, a ainsi déclaré dimanche le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Maxime Verhagen, dans un communiqué.

«Si la sécurité est insuffisante, l'aide aux victimes du séisme va s'arrêter», a-t-il ajouté, après s'être entretenu avec Mme Ashton et des homologues européens.

«L'UE va examiner le plus rapidement possible, en concertation avec les Nations Unies et les Etats-Unis, quelle contribution est nécessaire, comme par exemple un engagement policier», a précisé son ministère.

Le porte-parole de Mme Ashton, Lutz Güllner, s'est montré un peu plus prudent. «Bien entendu, nous discutons aussi de cette possibilité», a-t-il dit. Il faudrait d'abord s'assurer, a-t-il ajouté, que l'ONU la juge utile, les Nations Unies et les Etats-Unis ayant déjà des missions de ce type sur place.

«Il est trop tôt» pour dire si cela se fera, a-t-il précisé.

Lundi, les pays européens, comptent enfin appeler à la tenue d'une «conférence internationale» pour la reconstruction de Haïti, sous la direction de l'ONU et de la Banque mondiale, selon une source diplomatique. Ils se joindraient ainsi à une proposition déjà faite jeudi par la France.

L'UE a par ailleurs annoncé dimanche qu'un employé de sa représentation à Haïti avait péri lors du séisme.