Deux ans après le séisme en Haïti, l'envoyée spéciale de l'Unesco dans ce pays, Michaëlle Jean, a dénoncé jeudi «l'incurie assassine» qui a contribué selon elle à faire un grand nombre de victimes et marqué la reconstruction.

Dans une déclaration au ton dramatique, Mme Jean, ancienne gouverneure générale du Canada (chef d'État en titre) d'origine haïtienne, affirme que «ce n'est pas le séisme» qui a fait près de 300 000 morts, mais «une incurie générale voire assassine», et plus précisément «l'absence de normes et de lois régissant la construction».

Dénonçant «l'irresponsable laisser-faire, le désordre généralisé érigé en système», Mme Jean estime qu'il s'agit «bel et bien d'une catastrophe induite par un laxisme déplorable et l'erreur humaine», relevant qu'un séisme beaucoup plus violent au Chili n'a fait que 486 morts et qu'au Pérou la reconstruction se fait d'une manière bien mieux organisée et plus efficace.

En Haïti, dit-elle, «le mal le plus affligeant est le manque de coordination des efforts», tandis que l'assistance internationale «génère des occasions de détournement et de corruption» et qu'un «égoïsme sans foi ni loi» compromet l'avenir du pays.

Elle voit cependant des raisons d'espérer dans l'initiative du président Michel Martelly de faire de l'éducation son cheval de bataille et invite les pays donateurs à épouser une «perspective haïtienne».

«Il est insensé que de tous les engagements pris en faveur de la reconstruction d'Haïti, seulement 1% des fonds aient été versés pour renflouer les caisses de l'État haïtien et seulement 1% aient été distribués aux ONG haïtiennes. Ce non-sens, cette flagrante contradiction, exige que l'on réajuste le tir», conclut Mme Jean.

Le 12 janvier 2010, le séisme de magnitude 7 avait détruit une grande partie de la capitale, Port-au-Prince. Environ 520 000 personnes vivent toujours dans des camps.