Evans Monsignac ne garde aucun souvenir de son sauvetage. Pendant les 27 jours qu'il est resté sous les décombres du marché La Saline, à Port-au-Prince, il a perdu connaissance plusieurs fois. «Chaque fois que je me réveillais, je priais, je priais pour que Dieu me sauve, me donne la vie.»

L'homme de 27 ans, connu pour être le dernier rescapé vivant des décombres du séisme d'Haïti, récupère toujours dans un hôpital floridien. Dimanche dernier, le Sunday Telegraph a raconté son histoire dans un long article.

 

Evans Monsignac, père de deux enfants de 4 ans, vendait son dernier sac de riz au marché quand la terre a tremblé. Il s'est retrouvé coincé sous le béton, couché au sol, incapable de bouger.

«Je n'ai pensé à rien - rien qu'à la mort. Je pouvais sentir la mort des autres: il y avait beaucoup de gens sous les décombres avec moi, mais les cris n'ont duré qu'une journée. Après, c'était le silence. C'était toujours sombre.»

Près de lui, une conduite d'égout crevée a répandu de l'eau sale. M. Monsignac l'a sentie sous lui et, de sa main droite, a pu recueillir le liquide pour en boire. «J'avais faim et soif et j'ai essayé de boire quelque chose, mais ça me donnait mal au ventre. Je prenais mon petit doigt et j'humectais mes lèvres pour boire, mais j'étais de plus en plus malade.»

C'est quand même ce qui lui a sauvé la vie. Ça, et le fait qu'il n'ait pas eu de membre coincé ou écrasé, note le Dr Vincent Échavé, de la faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke, qui a opéré à Haïti après le séisme.

Choc post-traumatique

«Lorsqu'une jambe est coincée sous une poutre, ça fait comme un garrot. Des substances toxiques se forment à l'extrémité coincée. Quand on dégage le membre, ces substances toxiques passent dans le sang et bloquent les reins. C'est une cause d'insuffisance rénale qui peut être fatale si elle n'est pas traitée par hémodialyse.»

De fait, les reins d'Evans Monsignac sont en bon état, selon ses médecins. Il a pris un peu de poids (il pesait 40 kg à son arrivée). Il éprouve cependant de sérieux problèmes d'alimentation et souffre des conséquences post-traumatiques. Ces patients, explique le Dr David Smith au Telegraph, sont terrorisés. «Quand Evans est arrivé, il était convaincu que sa mère l'avait vendu à des Blancs et qu'il serait esclave pour le reste de ses jours.»

«Je ne comprends toujours pas pourquoi je suis ici, dit M. Monsignac. J'étais résigné à mourir. Mais Dieu m'a laissé la vie.»