Pour la première fois depuis le séisme, un avion de ligne a atterri vendredi à Port-au-Prince avec des Haïtiens impatients de retrouver leur famille, cinq semaines après la catastrophe qui a laissé plus de deux millions de personnes ayant besoin d'une aide alimentaire.

Le vol AA 377 de la compagnie American Airlines en provenance de Miami a atterri sur la piste unique de l'aéroport, une arrivée symbolique d'une situation qui s'améliore. L'aéroport Toussaint-Louverture servait uniquement à l'acheminement de l'aide internationale depuis la catastrophe du 12 janvier qui a fait plus de 217 000 morts.

«La première chose que je veux faire, c'est d'aller voir la tombe de mon cousin», a expliqué Marie-Ange Levasseur, une passagère qui a fondu en larmes en retrouvant sa terre natale.

Aux États-Unis, beaucoup d'immigrés haïtiens attendent de pouvoir décoller pour Port-au-Prince pour retrouver leurs familles.

«Je veux voir ma femme. Elle vit dans la rue à Port-au-Prince et elle m'a dit que nous avions tout perdu. Je voyage le coeur brisé», a expliqué à l'AFP Jean Felix, avant d'embarquer à Miami.

«Je n'ai pas de nouvelles de mes fils et de mes frères», a raconté avant le vol Maurice Grenier. «Je dois y aller pour voir ce qu'ils sont devenus».

Le séisme avait partiellement endommagé l'aéroport de Port-au-Prince. Au lendemain du tremblement de terre, le gouvernement haïtien avait remis les clés de la plateforme aux Américains qui avaient amélioré son fonctionnement et depuis samedi, les autorités haïtiennes reprennent peu à peu son contrôle.

Outre American Airlines, la compagnie française Air Caraïbes doit reprendre peu à peu ses vols commerciaux vers Port-au-Prince via la Guadeloupe, la Martinique et la République dominicaine.

Les passagers vont retrouver en ville les milliers de sans-abris qui vivent dans la crainte du retour de la pluie. La saison des pluies, qui précède celle des ouragans en juin, commence vers le mois d'avril en Haïti mais de fortes averses tombent déjà sur Port-au-Prince, suscitant l'inquiétude des secours.

À la menace des pluies s'ajoute l'urgence de fournir une assistance alimentaire aux plus de deux millions de sinistrés qui en ont toujours besoin, a indiqué vendredi le secrétaire d'État à la Production animale, Michel Chancy.

Les autorités haïtiennes ont estimé pour les 6 prochains mois à 105 000 tonnes les besoins alimentaires du pays, qui compte quelque 9 millions d'habitants.

La police nationale haïtienne, unique force de sécurité du pays, a annoncé vendredi que 75 de ses membres étaient morts lors du tremblement de terre et que 74 étaient portés disparus.

«Nous comptons (également) 253 blessés», a déclaré le porte-parole de la police haïtienne, Frantz Lerebours, tandis que quelque 40 commissariats et locaux de la police ont été détruits ou endommagés.

Sur le front de l'affaire des enlèvements d'enfants, une décision concernant la libération des deux Américaines toujours détenues en Haïti pourrait être prise la semaine prochaine, a indiqué vendredi leur avocat, Aviol Fleurant.

Laura Silsby, chef du groupe des dix missionnaires baptistes inculpés après avoir été arrêtés avec 33 enfants haïtiens à la frontière avec la République dominicaine, et sa confidente Charisa Coulter, ont été entendues vendredi par le juge Bernard Saint-Vil.

Les huit autres Américains avaient pu rentrer dans la nuit de mercredi à jeudi aux États-Unis après deux semaines de détention.