Paul-Émile Arsenault, 58 ans, est fonctionnaire au ministère des Finances. Il est sur le point de prendre sa retraite. Il visitait ses homologues haïtiens pour les conseiller sur d'éventuelles réformes. Il venait d'arriver d'un autre voyage d'affaires avec son collègue Nicholas Mazellier.

Durant le vol, les hommes avaient lié conversation avec Anne Chabot et Anne Labelle et les avaient attendues à l'aéroport pour partager le taxi vers l'hôtel Montana. Le groupe avait acheté de l'eau avant d'arriver à l'hôtel. Les femmes étaient attendues à une rencontre d'affaires et les hommes les ont laissées passer devant.

M. Arsenault était dans sa chambre, au cinquième étage, quand le violent séisme a frappé. Il est resté près de la porte, pensant se protéger. La façade de l'hôtel s'est écroulée et l'étage s'est affaissé de plusieurs mètres.

Pour une raison qu'il ne s'explique pas, il a survécu. Sans la moindre blessure. Dans l'étroit passage devant lui, il pouvait distinguer une lueur. Mais le tunnel était trop étroit pour s'y faufiler. Il était coincé.

«J'ai appelé à l'aide et j'ai entendu des réponses, mais pas immédiatement. Je savais qu'il y avait des gens plus mal pris que moi.»

Plus tard en soirée, un travailleur de l'Agence canadienne internationale de développement a crié, demandant s'il y avait des Canadiens toujours en vie. M. Arsenault a répondu. L'homme lui a donné de l'eau et lui a promis de revenir avec des sauveteurs le lendemain matin. Durant la nuit, il est revenu au Montana pour réitérer sa promesse.

Comme promis, il est revenu à l'aube avec des Casques bleus chiliens qui ont finalement libéré M. Arsenault.

Plusieurs heures plus tard, ils ont trouvé Nicholas Mazellier, qui était blessé. «Nous étions tellement heureux de nous retrouver... Nous avons pleuré.» M. Arsenault, qui avait perdu ses chaussures, a enfilé celles de M. Mazellier pour aider à transporter des blessés vers l'hélicoptère des Nations unies.

Les deux femmes n'ont pas eu cette chance.

«Je ne peux pas m'expliquer pourquoi certains sont sortis indemnes et d'autres pas, se demande M. Arsenault. Je peux dire que j'ai eu beaucoup de chance. Mais des questions m'assaillent. J'étais le plus âgé du groupe. Et mes enfants sont grands. Ce n'était pas ma première mission. Les autres, ces deux femmes, c'était leur première fois. Elles étaient jeunes...»