Depuis son évacuation d'Haïti, Marie Gerta Fanor imagine que sa maison tremble et s'effondre. «Est-ce un tremblement de terre?» répète la retraitée de 66 ans.

«Non, maman, répond sa fille, Marie Camille Mondesir, avec qui elle vit à Châteauguay. Tu es en sécurité.»

C'est ainsi, jour après jour, depuis le 12 janvier. Mme Fanor revit les instants terribles qui lui ont semblé une éternité.

La mère de six enfants avait atterri à Port-au-Prince à bord du vol 950 d'Air Canada. Son mari, Noël, chauffeur de taxi à l'aéroport, l'attendait. Citoyenne canadienne depuis 1986, elle avait épousé Noël en 2004 et tentait depuis ce temps de le faire venir au Canada.

Ils entraient dans sa maison, à Village Solidarité, quand la terre et les murs ont tremblé. Les valises étaient encore dans le camion.

«Jésus! Jésus!» a crié le couple en courant vers l'extérieur. Une partie de la maison s'est effondrée.

Les quatre locataires de Noël, qui vivaient dans différentes parties de la maison, sont probablement morts sur le coup.

Tout autour, la rue était détruite, comme s'il y avait eu un bombardement aérien. Aucune maison n'est restée intacte.

Noël, depuis, est sans abri. Il vit dans son taxi.

«Il n'a que son pantalon et sa chemise», déplore Mme Fanor. Elle espère que le tremblement de terre accélérera le processus d'immigration de son mari.

«Il ne sait pas quoi faire.»