La probabilité qu'un ou plusieurs ouragans majeurs frappent les Caraïbes est plus élevée cette année que d'ordinaire, avertissent les météorologues américains, qui pointent du doigt la vulnérabilité d'Haïti, à genoux depuis le séisme du 12 janvier.

La saison des ouragans, qui s'étale du 1er juin au 30 novembre, «sera plus intense que d'ordinaire», explique à l'AFP William Gray, qui dirige un groupe de météorologues spécialisés dans les ouragans à l'université du Colorado (ouest des États-Unis).

Selon les projections qu'ils ont réalisées, cette année verra la formation dans l'Atlantique d'un total de 11 à 16 tempêtes tropicales (la moyenne tourne autour de 9 à 10), desquelles pourraient naître entre 6 et 8 ouragans, et qui pourraient à leur tour donner de 3 à 5 ouragans majeurs.

Un ouragan est qualifié de majeur lorsque ses vents dépassent les 178 km/h.

Cette année, les experts se sont particulièrement penchés sur le cas d'Haïti, où 1,2 million de personnes ont été jetées à la rue par le séisme du 12 janvier.

Or, avertit M. Gray, «cette année, le risque qu'Haïti se trouve sur la trajectoire d'un ouragan pourrait être légèrement plus élevé que d'habitude».

En 2010, explique Phil Klotzbach, un des météorologues de l'université du Colorado, «nous avons calculé qu'il y avait 49% de risques qu'une tempête tropicale passe à moins de 80 km d'Haïti».

Mais avant que débute la saison des ouragans, les Haïtiens doivent d'abord faire face à la saison des pluies.

Jeudi, une pluie tropicale a réveillé Port-au-Prince, compliquant grandement la vie des centaines de milliers de sinistrés qui vivent sous des bâches et des tentes. La première grosse averse depuis le séisme qui a fait 217 000 morts a débuté peu avant 05h00 et forcé les milliers de sinistrés à abandonner leurs abris de fortunes pour la recherche d'un toit temporaire.

Le «pire est devant nous à Haïti», a estimé le président de la Croix-Rouge française (CRF) Jean-François Mattei, pour qui un «deuxième drame se prépare» avec «l'arrivée de la saison des pluies dans six semaines, marquée par des pluies torrentielles, des inondations et des glissements de terrain».

Le «pire» est presque certain dès qu'un ouragan frappe Haïti, dont la vulnérabilité est encore un peu plus accentuée par la déforestation. Seuls 2% du territoire sont en effet recouverts par la végétation, une exception dans les Caraïbes.

L'an passé, la saison a été particulièrement calme dans l'Atlantique nord, ce que les experts expliquent en grande partie à cause du développement modéré du phénomène El Niño.

En revanche, 2008 restera dans les annales comme une des années les plus agitées dans la région. En l'espace de quelques semaines, quatre ouragans ont soufflé sur Haïti. 800 000 personnes ont été affectées. Par milliers, les maisons ont été détruites, des milliers d'hectares de cultures ont été dévastés.

A en croire William Gray, 2010 pourrait bien ressembler à 2008. «El Niño est très fort pour le moment. Mais nous pensons que ses effets se seront dissipés en août. Et là, nous serons au coeur de la saison des ouragans».