Cinq des dix baptistes américains poursuivis en Haïti pour enlèvement d'enfants ont participé lundi à une audience devant un juge à Port-au-Prince qui n'a néanmoins interrogé que la porte-parole controversée du groupe, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les cinq ressortissants américains, dont la porte-parole du groupe, Laura Silsby, sont restés plus de trois heures dans le bâtiment qui sert de parquet depuis que le tremblement de terre du 12 janvier a détruit le Palais de Justice de la capitale.

Ils étaient accompagnés d'un avocat dominicain Jorge Puello qui a affirmé que les dix inculpés «avaient les papiers légaux» pour faire sortir d'Haïti 33 enfants, présentés comme des orphelins mais dont la plupart avaient en réalité des parents.

En début d'après-midi, Aviol Fleurant, avocat haïtien qui représentait les Américains lundi et pourrait désormais se charger de leur défense, a déclaré aux journalistes que ceux-ci étaient «entrés en Haïti dans une situation de force majeure».

«Ils étaient là au nom de l'humanité, au nom du coeur humain, pour aider des Haïtiens à traverser la frontière parce que tout fonctionnait mal en Haïti à cette époque», a-t-il dit.

«Les enfants ont des parents», a reconnu M. Fleurant, mais ceux qui se sont exprimés dans les médias notamment «ont déclaré avoir donné de bonne foi» leurs enfants aux Américains, a-t-il souligné.

À sa sortie, Laura Silsby, qui a été seule interrogée lundi bien qu'arrivée avec quatre autres, a déclaré se «fier à Dieu pour qu'il révèle toute la vérité et pour que nous soyons relâchés et disculpés». «Nous attendons que la procédure judiciaire haïtienne arrive à terme», a-t-elle ajouté, affirmant que l'audience s'était «bien déroulée».

Les neuf autres membres du groupe devaient être entendus mardi, puis tous ensemble mercredi pour soulever d'éventuelles contradictions dans le récit, a assuré à l'AFP une source judiciaire proche du dossier.

De même source, les enquêteurs vont essayer d'ici la fin de la semaine d'interroger le plus possible de parents des 33 enfants présentés comme des orphelins par les baptistes, alors qu'ils essayaient de leur faire passer la frontière dominicaine sans papiers d'identité. Mais «ils sont difficiles à trouver».

Les 10 Américains ont été inculpés jeudi à Port-au-Prince d'«enlèvement d'enfants» et d'«association de malfaiteurs».

Une fois cette enquête achevée, le procureur pourra prononcer ou non la libération conditionnelle. Le juge dispose de son côté d'encore trois mois pour rendre ses conclusions.

Selon Aviol Fleurant, ces cinq hommes et cinq femmes arrêtés fin janvier à la frontière dominicaine et détenus depuis vont bien. «Psychologiquement, je pense qu'ils sont très forts, parce qu'ils croient en Dieu, ils font confiance à Dieu», a-t-il affirmé.

«Nous allons très bien», a confirmé Laura Silsby, «Dieu est bon, il nous donne des forces», a-t-elle ajouté.