Le président équatorien Rafael Correa a critiqué vendredi «l'impérialisme» de l'aide apportée à Haïti, suggérant qu'une partie de l'assistance faite au pays dévasté par le séisme revenait à ses donateurs sous forme de budgets militaires ou de coûts d'organisation.

«Il y a une grande part d'impérialisme chez les donateurs», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse commune avec le président haïtien René Préval.

«Ils donnent d'abord, mais en grande partie, cela leur revient», a-t-il ajouté au siège temporaire du gouvernement haïtien installé dans les locaux de la police près de l'aéroport.

«Cela va à des questions militaires, cela va aux ONG. Nous voulons que ce que nous pourrons apporter, nous, les pays de l'Unasur, que ce soit beaucoup ou peu, aille au peuple haïtien», a ajouté, sans citer de cas précis, M. Correa, dont le pays occupe actuellement la présidence tournante de l'Unasur (Union des nations d'Amérique du sud).

Rafael Correa, deuxième chef d'État en visite en Haïti depuis le séisme du 12 janvier, est arrivé vers 14H30 locale (19H30 GMT) vendredi à Port-au-Prince, a constaté une journaliste de l'AFP.

«C'est une tragédie», a déclaré le président équatorien à sa descente d'avion. «Pour le monde entier, Haïti est aujourd'hui synonyme de victimes, de douleur, mais aussi d'espérance», a-t-il ajouté.

Le président dominicain Leonel Fernandez s'était rendu en Haïti le 14 janvier pour une visite de quelques heures à l'aéroport de Port-au-Prince où il avait rencontré M. Préval.

«Dans cette phase de reconstruction, nous allons avoir besoin de nombreuses ressources, humaines, matérielles et financière», a ajouté M. Correa devant des journalistes.

M. Correa doit passer la nuit dans le camp de la Minustah, et offrir à son homologue haïtien une aide humanitaire indispensable à la reconstruction du pays caribéen en ruines, a-t-on appris vendredi auprès du gouvernement équatorien.

L'Unasur «sera présent» pour contribuer à la reconstruction d'Haïti, a assuré M. Correa.

La violente secousse du 12 janvier a fait plus de 170 000 morts et dévasté la capitale haïtienne, qui devra être reconstruite à 75%, selon l'envoyé spécial adjoint de l'ONU pour Haïti, Paul Farmer.

Le président équatorien a survolé dans l'après-midi Port-au-Prince en hélicoptère pour prendre la mesure des dégâts causés par le tremblement de terre et il a circulé dans la ville en voiture.

Avant d'embarquer en hélicoptère, Rafael Correa a précisé qu'il souhaitait apporter une aide médicale aux victimes du séisme et qu'il avait emmené avec lui 12 médecins équatoriens.

Les Haïtiens ont «toute notre solidarité et tout notre soutien», a-t-il dit, indiquant qu'il rencontrerait plus tard les troupes équatoriennes engagées dans la force des Nations unies en Haïti.