La mission semblait pratiquement impossible. Patrick Sauvé, un Montréalais de 39 ans, avait sauté dans un avion le 16 janvier pour retrouver Rachelle Norbrun, sa fiancée haïtienne de qui il était sans nouvelles depuis le séisme du 12 janvier.

En une semaine, Patrick Sauvé a réussi au-delà de ses espérances. Non seulement a-t-il retrouvé son amoureuse, mais il a réussi à obtenir un visa pour elle et pour son fils de 7 ans. Le trio a atterri à Montréal samedi matin à bord d'un avion militaire. Rachelle, qui attend un enfant de Patrick, se porte bien.

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La Presse avait raconté leur histoire jeudi dernier. Ils campaient alors sur le terrain de l'ambassade du Canada à Port-au-Prince en attendant que l'on étudie leur dossier. «Nous avons appris jeudi que les visas étaient accordés», a raconté Patrick, rencontré hier après-midi dans son appartement du quartier Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal.

Pour obtenir le précieux document, Patrick a présenté Rachelle comme sa conjointe de fait. Le couple n'a jamais habité ensemble, mais ils se sont vus à plusieurs reprises depuis leur rencontre, en avril 2008. En décembre dernier, ils ont fait un voyage d'un mois à Cuba... au cours duquel Rachelle est tombée enceinte. Patrick, qui a appris l'heureuse nouvelle au début du mois, avait dès lors entamé des démarches pour faire venir sa fiancée et son fils au Canada.

Le tremblement de terre a finalement accéléré grandement le processus. «Je n'aurais jamais imaginé qu'elle puisse être ici avant le début de février», a dit Patrick, un inspecteur en bâtiment. Il enverra sous peu une demande de parrainage pour Rachelle et son fils, Gray Clarel Legouté. Ils déposeront par la suite une demande de résidence permanente.

Rachelle Norbrun, qui était commerçante en Haïti, entend terminer sa cinquième secondaire et suivre une formation technique. Elle veut envoyer de l'argent à ses parents, à ses trois frères et à ses trois soeurs le plus rapidement possible. Depuis le séisme, toute la famille doit camper sur le terrain de leur maison de Pétionville, qui s'est effondrée.

La jeune mère veut aussi s'occuper de Clarel. Hier, le petit a soudainement éclaté en sanglots au cours de l'entrevue. «Je veux voir ma tati», a-t-il gémi. Il réclamait ainsi la petite soeur de sa mère, âgée de 9 ans. Patrick a consolé Clarel tendrement avant d'aller le mettre au lit.

Mais avant toute chose, Rachelle doit se reposer. Les derniers jours ont été éprouvants pour la jeune femme de 27 ans. Elle a perdu beaucoup de poids, ce qui inquiète Patrick. Heureusement, l'enfant à naître a tenu le coup.

«J'étais sûr qu'elle l'avait perdu, mais il est toujours là, a dit Patrick, couvant Rachelle du regard. S'il n'a pas lâché après ce tremblement de terre, il n'y a pas grand-chose qui pourra le faire lâcher.»

Ses parents le surnomment déjà «le petit Obama».