Traumatisés par l'ampleur de la catastrophe qui a frappé leur île le 12 janvier, les Haïtiens, peuple très catholique, s'accrochent à la prière, plaçant tous leurs espoirs de salut entre les mains de Dieu.

Rassemblée pas très loin des ruines du palais présidentiel qui n'a pas résisté au séisme, une foule qui s'étend jusqu'aux campements de réfugiés, prie intensément ce dimanche.

Une femme sur un podium de fortune lit un psaume de la Bible d'une voix haute et claire parfois déformée par l'écho des énormes haut-parleurs qui rappellent ceux des concerts de rock.

«Oh Dieu, écoute ma prière, et que mon cri parvienne jusqu'à Toi. Ne me cache pas Ta face, au jour de ma détresse, Incline vers moi Ton oreille, au jour où je crie, réponds-moi sans attente, car mes jours se sont dissipés en fumée, Et mes os sont calcinés comme les pierres d'un foyer», récite-t-elle.

Dans la foule, beaucoup suivent le texte avec leurs doigts sur des copies fatiguées d'exemplaires de la Bible sauvés des décombres de leurs habitations.

Lors d'une pause, la foule entonne la prière du Miséricordieux avant que ne reprenne la lecture du psaume: «Mon coeur est comme l'herbe, frappé et desséché, car je n'ai plus pensé à manger mon pain».

De nombreux Haïtiens ont été très choqués par le tremblement de terre de magnitude 7 qui a fait au moins 150 000 morts, près de 200 000 blessés et un million de sans-abri.

Ils cherchent un nouveau sens à leur vie dans cet océan de destruction et de morts. Dans la foule, une queue se forme près du podium alors que la lecture du psaume se poursuit.

Un par un, ils s'emparent du micro et confessent leurs péchés et ceux de leur peuple, implorant le pardon de Dieu dont la colère contre les Haïtiens doit expliquer, selon eux, pourquoi des milliers d'entre eux ont été affectés par ce cataclysme.

«La cause du tremblement de terre était naturelle mais dans quel autre pays aurait-il eu un effet aussi dévastateur?», lance Mercelus Luckner, 33 ans, qui se trouve dans la foule.

«Les Haïtiens ont commis beaucoup de fautes, ils ont offensé Dieu et Dieu les punit», poursuit cet agent de sécurité privé, qui a perdu son emploi avec le séisme et espère, sans trop y croire, qu'une des organisations d'aide étrangères venues à Haïti lui offrira un nouveau travail.

Mais dans la foule, tout le monde n'est pas venu pour prier. Certains sont seulement las de la vie dans les campements et les bivouacs de fortune entourant le lieu de culte.

D'autres sont là pour tenter de vendre quelque chose pour survivre.

Une femme, le regard hagard, surveille une pile de serviettes fraîchement lavées et soigneusement pliées.

Optimiste, un autre vendeur a installé un stand offrant des porte-clés souvenir avec le drapeau haïtien et des bracelets à l'effigie du président américain Barack Obama.

D'autres étals proposent de petites pâtisseries et des bâtonnets de sucre de canne.

Plus loin la vie continue. Une femme blottie dans un petit coin d'ombre, donne le sein à son enfant.

De jeunes garçons se lavent dans un seau rempli d'eau savonneuse, tandis qu'à proximité, leurs camarades font voler des cerfs-volants confectionnés avec des fils de fer et des déchets en plastique.