Un enfant de quatre ans lourdement handicapé abandonné devant la porte: c'est ce qu'ont trouvé jeudi soir les soignants de l'hôpital de campagne adossé à la clinique Lambert à Port-au-Prince.

Un message était posé sur ses langes: «ce petit garçon n'a ni père, ni mère, la personne qui pense à lui représente(ra) son parent, merci, bonne volonté».

Les volontaires de l'organisation française Chaîne de l'espoir et de l'association Alliance for International Medical Action, qui gèrent cet hôpital de campagne, installé après le séisme du 12 janvier dans la capitale haïtienne, ont mis une journée pour trouver une structure pour accueillir cet enfant né avec une paralysie cérébrale. Il ira finalement chez «les soeurs de la charité de mère Teresa».

Ils doivent aussi trouver une solution pour une jeune fille de 20 ans, Chichi Nelson, qui a la jambe cassée et plâtrée mais n'a pas de proches pour s'occuper d'elle.

«Elle aurait dû partir aujourd'hui car elle occupe un lit qui serait plus utile pour un blessé plus grave mais elle n'a personne,» explique une volontaire, Véronique Barbas.

L'hôpital de campagne de 60 lits, installé sur le site du lycée français par les hommes de la Sécurité civile française, a aussi accueilli six tétraplégiques.

«Ce sont des gens complètement paralysés qui n'ont plus de maison, plus de famille, qui ont besoin d'une personne qui s'occupe d'eux en permanence, et qui nous occupent six lits» explique le médecin colonel Michel Orcel.

«Nous n'avons déjà pas de place pour les convalescents, on ne garde pas les amputés plus de deux jours, et ces six personnes nous posent problème, car leur place n'est pas dans une structure d'urgence» ajoute t-il.

Renseignés par le bouche à oreille, trois femmes enceintes sur le point d'accoucher se sont également présentées. «On n'est pas fait pour cela, mais on n'a pas le coeur de les rejeter, surtout qu'une femme a une grossesse qui se présente mal, mais j'ignore comment on va faire, car on n'a pas de sage-femme» ajoute le médecin.

La situation est similaire dans l'hôpital de Cité Soleil, le quartier le plus pauvre de la capitale. Exploité conjointement par les ONG Médecins du monde (MDM), et Médecins sans frontières (MSF), cet hôpital qui est le véritable poumon sanitaire de cette mini-ville, a soigné 5 000 personnes et réalisé 900 opérations lourdes depuis le séisme.

L'hôpital, haut d'un étage, présente certaines fissures et le personnel qui a peur que les bâtiments s'effondrent, a installé tous les malades sous des tentes dans la cour.

Le chef de la mission de MSF, Stefano Zannini, explique: «nous soignons beaucoup de fractures ouvertes, avec des gens qui doivent rester en convalescence de 2 à 6 semaines, on a aussi des gens qui n'ont plus rien, plus de famille, qui ne savent pas où aller, c'est pourquoi nous cherchons désespérément des centres pour accueillir ces personnes».

A cela s'ajoute le manque d'organisation entre hôpitaux. Ainsi jeudi soir, 4 camionnettes avec un total de 20 personnes souffrant de fractures sont arrivées à l'hôpital Lambert, après une rumeur affirmant qu'il disposait de lits libres.