Le gouvernement canadien fait-il un réel effort pour retrouver et prendre en charge les dépouilles des personnes ensevelies à l'hôtel Montana, en Haïti?

C'est la question que se posent aujourd'hui les proches de personnes toujours portées disparues.Joliette Trân est la fille de Trân Triêu Quân, cet ingénieur de Québec dont l'emprisonnement dans son pays d'origine, en 1994, avait bouleversé et mobilisé une bonne partie des citoyens de la Vieille Capitale.

Oui, l'attente est insoutenable, mais le fait d'être tenu dans l'ignorance - où en sont les fouilles, a-t-on retrouvé certaines personnes, les dépouilles sont-elles bien prises en charge? - ajoute à la douleur, a dit Joliette Trân en conférence de presse vendredi matin. «L'espoir de retrouver mon père vivant est minime, mais s'il est mort, il est important pour nous d'avoir sa dépouille», a-t-elle expliqué.

Elle a pu, grâce à diverses relations sur place, obtenir des renseignements partiels. «Nous nous considérons comme privilégiés à cet égard. Cependant, les autres familles qui sont dans la même situation n'ont pas toutes cette chance et sont confrontées au silence des autorités.»

La famille Trân joint ainsi sa voix à d'autres - dont celle de la jeune Sarah Couture - qui réclament que le gouvernement canadien se montre plus actif dans la recherche et plus prompt à communiquer l'information.

Comme bien d'autres familles toujours sans nouvelles d'un être cher, la famille Trân est exposée à toutes sortes de rumeurs. Peu de temps après le séisme, le nom de M. Trân se trouvait sur une liste de personnes qui auraient été rescapées. L'information a ensuite été infirmée.

Récemment, un Américain tiré des décombres de l'hôtel Montana a déclaré avoir parlé, sous les débris, avec d'autres survivants. Un Québécois qui avait entendu l'entrevue à la télé américaine a envoyé un courriel à la famille, lui soulignant que le survivant avait affirmé avoir causé avec un Asiatique. Erreur de traduction: le survivant parlait plutôt d'un Haïtien.

L'entreprise de Trân Triêu Quân, Norbati, avait obtenu avec SNC-Lavalin un contrat pour importer à Haïti le code du bâtiment du Québec et pour l'adapter aux particularités locales.

À Québec, M. Trân est un personnage très connu et aimé de la population. En 1994, son entreprise avait agi à tire d'intermédiaire entre une petite société américaine et une société d'État vietnamienne dans une transaction internationale de coton. L'affaire avait mal tourné, le gouvernement vietnamien avait fait de M. Trân un bouc émissaire et l'avait emprisonné. Une pétition réclamant sa libération avait été signée par 125 000 personnes.