En deux jours seulement, samedi et dimanche, les médecins ont dû pratiquer 400 amputations à Port-au-Prince dans des conditions extrêmes. Une vingtaine ont aussi été pratiquées sur des blessés haïtiens à Saint-Domingue. On peine à dénombrer les cas de gangrène tellement ils sont nombreux et, pour l'instant, on ignore combien de personnes sont atteintes de paralysie à cause de blessures à la moelle épinière.

La situation s'annonce à ce point critique que l'organisme Handicap international a dépêché 60 coopérants supplémentaires à Haïti cette semaine. Ils auront la tâche de soigner les blessés, mais ils devront aussi veiller à leur réadaptation.

 

Joint à Port-au-Prince hier, le chef de mission, Antoine Engrand a expliqué: «Le défi consiste aussi à revoir les patients pour changer les pansements. L'hygiène demeure un problème. On a transformé l'école française en hôpital et on recrute du personnel infirmier et médical. Avec la saison des pluies qui s'annonce et celle des cyclones, l'urgence d'agir est double.»

Les soins aux handicapés vont nécessiter la mise en place d'un centre de réadaptation avec la collaboration d'orthoprothésistes, d'ergothérapeutes, de kinésithérapeutes, de physiothérapeutes, etc. Les interventions de Handicap International visent pour l'instant quatre quartiers pauvres de Port-au-Prince, dont Carrefour et Carrefour Feuille. On procède à des interventions dans six hôpitaux environnants.

La semaine prochaine, une physiatre de l'Institut de réadaptation Gingras-Lindsay de Montréal, la Dre Géraldine Jacquemin, se joindra à l'organisme Médecins sans frontières et à la fondation Healing Hands for Haïti (HHH). Mardi, l'une de ses collègues de Fredericton, au Nouveau-Brunswick, s'est envolée vers la capitale dévastée en compagnie d'ergothérapeutes et de physiothérapeutes.

Afin de répondre aux urgences des fauteuils roulants, prothèses, corsets, déambulateurs, béquilles et cannes ont été acheminés en Haïti. La distribution a commencé cette semaine mais, comme la maison qui abrite le personnel de l'organisme a été entièrement détruite, les coopérants sont logés à la même enseigne que la plupart des habitants: dans des abris temporaires.

«Les amputations vont prendre un mois, un mois et demi à cicatriser, explique Claire Fehrenbach, directrice de l'organisme à Montréal. Il y aura beaucoup à faire parce que la plupart des blessés ont quitté les centres de soins après l'amputation, sans suivi postopératoire ou de réadaptation en raison du flot de blessés à soigner. Il faudra revoir les amputés pour la réadaptation et faire des prothèses sur mesure.»