Hier, sur son site internet, le prestigieux magazine Time posait la question suivante: où auront lieu les cinq prochains gros séismes? Se gardant de faire une prédiction sûre, le magazine identifie cinq endroits destinés à subir une bonne secousse.

Les noms? Les voici: Los Angeles, Tokyo, Téhéran, la côte ouest nord-américaine entre l'Oregon et le sud de la Colombie-Britannique, et l'Indonésie.

 

On le répète, il n'y a pas de certitude. «Les tremblements de terre ne peuvent être prédits avec la même acuité que la température», écrit-on prudemment sur le site de Time.

Mais alors, pourquoi ces endroits plutôt que d'autres? Parce qu'ils sont tous situés en bordure de plaques tectoniques où l'amplitude des secousses est en général plus forte.

«Les conditions optimales pour anticiper un séisme sont de deux types, rappelle Michel A. Bouchard, professeur titulaire de géologie à l'Université de Montréal. Il y a d'abord le contexte tectonique et ensuite l'état du stress présent.»

D'abord, le contexte tectonique. Il existe un peu partout sur la Terre des régions où des fractures profondes lézardent la croûte terrestre. Là, la sismicité est forte.

«Ces fractures se produisent aux bordures de plaques tectoniques dans une situation extrêmement particulière où une plaque s'enfonce sous l'autre, poursuit le géologue. Ces fractures sont actives alors que les deux parties des plaques ont des mouvements indépendants l'un de l'autre. Et parfois, ça frotte.»

Tous les endroits du globe où une telle situation existe sont connus, cartographiés, sous surveillance. Voilà pour le contexte.

Quant à l'état de stress, le mot parle de lui-même. Si vous jouez avec un élastique ou l'étirez au maximum, vous pouvez vous faire une idée - une prédiction - du moment où celui-ci va se briser. C'est un peu ce que font les spécialistes avec les plaques tectoniques.

«Ce qui fait dire qu'on va avoir un tremblement de terre à tel ou tel moment ou encore que la probabilité d'avoir un séisme de forte magnitude augmente, c'est le stress accumulé ou l'état du stress, dit M. Bouchard. La roche elle-même conserve une certaine élasticité. Elle peut résister à un certain niveau de déformation mais pas au-delà d'un certain seuil. Et lorsque ce seuil est franchi, il y a immédiatement relâchement. C'est cela qui fournit l'immense énergie des tremblements de terre.»

Los Angeles, Tokyo...

Revenons à nos villes. Certaines sont bien préparées, comme Tokyo où les normes de construction sont très sévères et tiennent comptent d'un éventuel tremblement de terre. Mais chacune d'elles possède aussi ses points faibles.

Assise sur l'extrémité sud de la faille de San Andreas, Los Angeles n'a pas connu de séisme majeur (7,9) depuis 1857. Le passé géologique de la région fait état en moyenne d'un grave séisme aux 150 ans. Faites le calcul...

Tokyo possède une très forte densité de population. Téhéran aussi, en plus d'avoir un code du bâtiment laxiste. Les villes de la côte nord-ouest sont moins préparées que celles de la Californie. Quant à l'Indonésie, qui a beaucoup souffert du tsunami du 26 décembre 2004, provoqué par un tremblement de terre de plus de 9 au fond de l'océan, elle est assise sur le Cercle de feu, la région sismique la plus active de la planète.