Toute maigre, avec une respiration heurtée, luttant contre les cauchemars, Mendji Bahina Sanon, petite Haïtienne de 11 ans, reprenait des forces mercredi dans une clinique après avoir passé huit jours sous les décombres de sa maison de Port-au-Prince.

«C'est vraiment une miraculée, elle revient doucement à la vie, elle est bénie des dieux», s'émerveille le chirurgien Dominique Jean, de l'organisation française Virades de l'espoir qui a installé un hôpital de campagne avec l'association Alliance for International Medical Action.

Au pied du lit, la maman, Ernst Clergé, essaye de calmer les angoisses de son enfant, toujours en proie aux cauchemars, qui crie: «maman pas dans le trou, me laisse pas maman!».

Mardi 12 janvier, Mme Clergé revient de son travail de femme de ménage à l'ONU lorsque le tremblement de terre se produit. «J'avais laissé mes cinq enfants à la maison, j'ai été pris de panique, l'immeuble de deux étages était effondré, j'ai pensé qu'ils étaient tous morts», explique cette femme.

«Ma fille de 21 ans m'est apparue la première, m'est tombée dans les bras, et puis avec les voisins, on a dégagé deux autres enfants blessés aux pieds. On a retrouvé le corps sans vie de mon fils de cinq ans le lendemain», raconte-t-elle.

Avec les voisins, les recherches pour retrouver sa dernière fille disparue ont duré deux jours sans résultat.

Mais mercredi matin, la maman est alertée par un voisin qui crie: «J'ai entendu ta fille, elle appelle». «Je n'y croyais pas mais j'ai foncé, les voisins ont creusé, elle était vivante, ils l'ont dégagée, elle m'a parlé et m'a demandé des corn-flakes et du lait et puis elle s'est évanouie», explique-t-elle.

«Elle m'a dit qu'elle avait beaucoup prié et moi je remercie Jésus, il faut croire en Jésus», déclare-t-elle, ajoutant: «Je ne lui ai pas dit que son petit frère préféré était mort, elle est trop faible».

Le papa de la jeune fille, qui n'était pas à Haïti au moment du drame, se déclare aussi ému et pleure doucement aux côtés de sa femme.

«Son rein fonctionne, on va l'hydrater doucement, avec de l'eau salée et puis progressivement avec de la nourriture plus riche. Une alimentation trop riche d'un seul coup serait dangereuse pour elle, comme nous le savons depuis la Deuxième Guerre mondiale et la libération des camps de concentration», explique le docteur Dominique Jean.

A l'hôpital de campagne, la fillette devient le symbole d'une victoire contre la mort et le personnel soignant défile pour voir la petite miraculée.

La veille, l'hôpital avait accueilli Fédora, une jeune femme de 20 ans, bloquée sept jours sous les décombres et qui se rétablit à toute vitesse, selon les infirmières.