Jusqu'au bout ils veulent y croire. Écoles, églises, cafés, restaurants, les secouristes font la tournée des chantiers de Port-au-Prince au 8ème jour après le séisme, passent les sondes des radars, les caméras, espèrent. «On y croit sinon on ne serait pas là».

Mercredi, les conditions ont un peu changé: à l'aube, une secousse de magnitude 6 a ébranlé la ville, faisant s'effondrer quelques maisons et bouger des structures sur les sites de recherche de la capitale haïtienne.

«La secousse peut avoir fait s'affaisser des structures mais elle cavoir libéré des personnes piégées entre deux dalles de béton», explique Gilles Perroux, sapeur-pompier français.

Pour en avoir le coeur net, les secouristes arpentent les rues, demandent aux Haïtiens du coin s'ils ont entendu un signe de vie, font d'ultimes vérifications dans les lieux de rassemblement et de restauration - écoles, églises, collèges, cafés, restaurants: là il y a soit beaucoup de monde soit de quoi survivre.

Dans un collège, des Français de la Sécurité civile ont repéré quelque chose. Leur radar, qui détecte des mouvements, dont des battements de coeur jusqu'à 6 mètres de profondeur, et leurs chiens-renifleurs ont confirmé.

«Cette nuit, la secousse a peut-être libéré des poches de survie. Les chiens ont marqué. Il y a quelque chose qui bouge, on ne sait pas encore quoi», explique Fabrice Montagne.

C'est à 4,5 m de profondeur. Et autant de masse de béton à dégager au marteau-piqueur pour faire passer la caméra, qui confirmera s'il y a un survivant ou pas. «Au 8ème jour, quelqu'un de vivant ? On y croit, sinon on ne serait pas là. Tant qu'on reste dans le pays, on garde espoir», poursuit-il.

Les chances sont minces. Mais si les victimes ne sont pas trop blessées, qu'elles se trouvent dans une poche de vie, qu'elles ont de quoi boire et manger, c'est possible.

Ailleurs, des Taïwanais et des Mexicains s'acharnent à extraire des décombres d'un centre éducatif un ou deux survivants détectés par les chiens.

«Hier, un professeur qui travaillait ici nous a indiqué qu'entre 20 et 30 personnes étaient ensevelies et qu'il pourrait y avoir des gens encore en vie. Les chiens ont repéré deux positions, qui sont très profondes», explique un médecin taïwanais, Yaw-Wen Chang.

Une nuit a passé et sans doute, ici aussi, les amas de métal et le béton ont bougé. Mais «il faut voir ce qui s'est passé entre hier et aujourd'hui», insiste le Mexicain Arturo Acuna.

Sur les décombres du Planèt Café, d'autres secouristes français replient leur matériel. Le radar avait détecté un mouvement mais la caméra n'a pas confirmé. «Il semble qu'il n'y aurait personne. Je préfère parler au conditionnel car on ne sait jamais», dit Bruno Jean-Elie avant de s'embarquer dans le camion. «On va continuer d'explorer les sites connus et de suivre les locaux qui nous interpellent.»